C’est un sérieux coup de canif dans la réputation de Décathlon. L’enseigne de magasins d’articles de sport très appréciée des Français fait partie de la galaxie d’entreprises détenues par la famille Mulliez . Une enquête en 4 volets du média d’investigation Disclose, adossée à une émission du magazine « Cash Investigation » d’Elise Lucet, a révélé un terrible envers du décor. Démontrant ainsi le scandale Décathlon.
Travail d’enfants au Bangladesh, exploitation de Ouïghours en Chine, déforestation au Brésil… « Les principaux fournisseurs de Décathlon en Asie ont recours à plusieurs formes d’esclavage moderne », écrit Disclose. Dans l’une des usines du deuxième plus gros fournisseur textile de Décathlon en Chine, on peut voir, filmé en caméra cachée, une enfant de 12 ans boutonner à la chaîne des polos. La marque a plaidé un problème de babysitting… avant de se rétracter.
Exploitation des Ouïghours
Salaires de misère, travail d’enfants… et même exploitation des Ouïghours. Une minorité musulmane que le régime de Pékin ne cesse de persécuter. Or la marque utilise du coton cultivé dans le Xinjiang. Le Xinjiang est une région de l’ouest du pays où les Ouïghours constituent le principal groupe ethnique et sont victimes du travail forcé. Aux États-Unis, une loi votée par le Congrès il y a quatre ans interdit d’ailleurs toute importation de produits provenant du Xinjiang. Et ce à moins de fournir la preuve que la production n’intègre pas de travail forcé.
Depuis l’enquête journalistique, Décathlon a annoncé mettre en place une nouvelle « méthode de traçage isotopique pour le coton », pour savoir s’il provient ou non de cette région.
Déforestation illégale
Ce n’est pas le seul des géants de la fast-fashion qui a profité du travail forcé des Ouïghours en Chine. On trouve aussi Uniqlo ou Inditex, la maison mère de Zara… Ce qui ne dédouane personne !
Le média Disclose, en partenariat avec le média néerlandais Follow the Money a fait une autre révélation. Le cuir de bœuf utilisé dans les chaussures de randonnée Quechua proviendrait de zones déforestées illégalement au Brésil. Eh oui, car pour élever du bétail, il faut des prairies et non des forêts. Et l’extension des élevages est la première cause de déforestation dans le pays. « Un mastodonte brésilien du bœuf, multicondamné pour déforestation illégale, vend du cuir à un fournisseur stratégique de Décathlon», précise le média. Ce mastodonte a par exemple utilisé un désherbant supratoxique sur une immense surface (huit fois celle de Paris). Un crime environnemental. Pour vous donner une idée, c’est le même produit que l’agent orange utilisé par l’armée américaine au Vietnam.
Ce qu’on peut retenir c’est que si un fort prix est loin d’être gage de qualité, des prix riquiquis, sont, eux, à coup sûr le signe que quelqu’un a été exploité dans l’affaire.