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Entretien

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La dengue se propage en France, avec 5 % de cas très à risque

Médecin spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, André Cabié nous explique le développement de la dengue et ses symptômes.

André Cabié, médecin spécialisé en maladies infectieuses et tropicales, dont la dengue © Archive personnelle

Paru le 3 octobre 2023

Ecrit par Mathilde de Mon Quotidien Autrement

Début avril, le Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires a alerté sur le fait que la France pourrait connaître des flambées de dengue, de fièvre Zika et chikungunya « au cours des prochains étés » (nous vous en parlions dans cet article).

Pour mieux connaître la dengue, ses symptômes, son apparition, ses évolutions et les moyens efficaces de lutte, nous avons interviewé André Cabié. Médecin spécialiste des maladies infectieuses et tropicales, il exerce depuis 1997 en Martinique, où la première épidémie de dengue a eu lieu lors de son arrivée. Depuis, il fait régulièrement face à la maladie.

Comment se manifeste la dengue ?

La dengue est une maladie virale transmise par des arthropodes, le plus souvent des moustiques tigres. La plupart des gens sont touchés par des infections asymptomatiques. Mais même en l’absence de symptômes, cela participe à la persistance et la transmission de la maladie.

Lorsque la maladie présente des symptômes, ceux-ci passent par trois phases. D’abord il y a une forme assez brutale. Les personnes sont en général capables de dire à l’heure près le début des symptômes. Cela commence par de la fièvre qui peut être très élevée, une fatigue importante, des douleurs, principalement dans les muscles, des maux de tête. Un symptôme évocateur mais pas spécifique est une douleur derrière les yeux, dans la nuque, ou dans la colonne vertébrale. Ces symptômes ne sont pas particuliers à la dengue : la grippe ou le Covid peuvent commencer comme ça. Parmi les distinctions, on pourra tout de même trouver des signes digestifs comme des nausées, une perte de l’appétit ou de la diarrhée. Cette première phase correspond au moment où le virus est présent dans le sang de la personne. Si elle se fait piquer par un moustique à ce moment-là, elle peut le lui transmettre.

Entre le quatrième et le septième jour, on entre dans la deuxième phase, appelée « phase critique ». Chez la plupart des personnes, la fièvre s’arrête, les douleurs diminuent et donc on va évoluer directement vers la troisième phase, dite de récupération. Mais c’est la période au cours de laquelle on peut aussi voir une évolution vers une forme grave. Heureusement, cela concerne moins de 5 % des cas. La fièvre va baisser aussi, mais les signes digestifs vont apparaître ou réaugmenter, les patients vont ressentir une très grande fatigue, risquer d’avoir des malaises. Ils doivent absolument être pris en charge en service de soins critiques.

La dengue grave peut prendre trois formes. Comme elle entraîne une défaillance circulatoire, elle peut donner lieu à une baisse importante de la tension artérielle et si le cœur n’est plus suffisamment alimenté, cela peut évoluer vers un état de choc. Elle peut aussi faire survenir des hémorragies profondes, car la dengue fait baisser le nombre de plaquettes qui permettent la coagulation du sang. Troisièmement, le virus peut atteindre directement plusieurs organes comme le cerveau, les poumons, le foie ou le rein.

Quelles sont les personnes les plus à risque ?

Il est intéressant de noter que les personnes qui se font piquer le plus régulièrement par les moustiques ne sont pas nécessairement celles qui sont les plus à risque de développer une forme grave de la dengue. Même si bien sûr, plus on se fait piquer, plus il y a de risques d’attraper la dengue.

Les personnes à risque de développer une forme grave de la dengue ne sont pas nécessairement les mêmes que celles à risque de contracter le Covid. Celles qui souffrent de la maladie génétique de la drépanocytose, courante chez les personnes ayant des ancêtres d’Afrique subsaharienne, ont un risque beaucoup plus élevé de développer une dengue grave et d’en décéder par rapport au reste de la population. La sensibilisation envers ces populations doit donc être renforcée.

Ensuite, les autres personnes à risque sont plus classiquement les enfants, les personnes âgées, les femmes enceintes, les personnes atteintes de maladies chroniques telles que le diabète, les problèmes pulmonaires, ou l’obésité.

Comment cette maladie est-elle apparue et a-t-elle évolué ?

C’est une maladie très ancienne. Comme la fièvre Zika et le chikungunya qui se transmettent également par les moustiques, elle est probablement apparue en Afrique centrale subsaharienne. Puis ces virus et les moustiques qui les transmettent se sont mis à circuler au cours des siècles. Ils sont arrivés sur le continent américain avec l’esclavage. Et dans d’autres parties du monde comme les Caraïbes ou l’Asie du Sud-Est avec le commerce international. Puis comme les moustiques tigres vivent dans l’entourage des êtres humains, ils ont suivi le mouvement de l’urbanisation. Ils aiment également la chaleur : le réchauffement climatique conduit à augmenter leur population sur davantage de territoires et sur une plus longue durée. Maintenant, ils sont présents dans toute la France métropolitaine.

Pourquoi y a-t-il parfois des épidémies et d’autres fois des cas isolés ?

J’ai un peu de mal à vous répondre. Le modèle dans les Outre-mer ou en Asie du Sud-Est, ce sont des épidémies. Dans les Antilles, en Guyane, à la Réunion et en Nouvelle-Calédonie, il y a probablement une circulation continue à très bas bruit et régulièrement des épidémies.

Une des choses difficiles avec la dengue par rapport à d’autres maladies infectieuses, c’est qu’elle comporte quatre type de virus (sérotype). Lorsqu’un individu est infecté par le sérotype 1, il va développer une immunité protectrice contre ce sérotype, mais il ne sera pas protégé contre les autres. Donc normalement on peut avoir quatre fois la dengue. Ce qui complique les choses en termes de symptômes, car c’est souvent lorsqu’on attrape la dengue une deuxième fois que les risques de développer une forme grave sont plus forts.

Comment lutter contre cette maladie ?

Il y a deux éléments clés de prévention : la vaccination et la lutte contre les moustiques. Un premier vaccin existe déjà, mais il n’est efficace que chez les personnes ayant déjà eu la dengue précédemment. Un autre a reçu une autorisation de commercialisation et sera accessible à partir de 2024.

En ce qui concerne la lutte contre les moustiques, ceux qui transmettent la dengue aux Antilles et en Guyane sont totalement résistants aux insecticides autorisés. En revanche, les répulsifs ne tuent pas les moustiques, mais fonctionnent très bien pour les repousser. Il est essentiel d’utiliser ceux qui sont recommandés et évalués. L’inconvénient, c’est qu’il faut en appliquer très régulièrement pour que cela soit efficace, car il n’y a pas de résistance.

Un autre élément difficile à mettre en œuvre consiste à supprimer les lieux de ponte des moustiques. Les moustiques vivent à proximité des humains et pondent dans des récipients artificiels contenant de l’eau, tels que des fûts servant de réserves d’eau, des verres pour les brosses à dents, ou tout autre petit récipient susceptible de contenir de l’eau.

Avis sur : La dengue se propage en France, avec 5 % de cas très à risque

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