A Paris comme à Stockholm, la qualité de l’air s’est considérablement améliorée grâce à une baisse du trafic automobile. Anna Konig Jerlmyr a été maire de Stockholm de 2018 à 2022, transformant la capitale suédoise en ville durable. Lors de l’Université de la Terre organisée en mars à Paris, elle a expliqué comment elle s’y est prise pour que la durabilité devienne une valeur commune.
Avec les habitants
La qualité de l’air ou le taux de CO2 sont rarement perçus comme découlant du trafic routier, sauf lors d’épisodes exceptionnels. Le défi est donc de convaincre les citoyens de participer à des initiatives « vertes ».
Plutôt que d’imposer des politiques publiques, nous avons initié des discussions avec les habitants. Le changement climatique n’est pas quelque chose d’abstrait. Nous avons parlé d’air pur pour les enfants, de rues plus calmes et de vie plus saine en général.
Les gens ont compris qu’une ville plus écologique pouvait améliorer leur qualité de vie. Nous avons conçu un programme avec les habitants, en écoutant leur préoccupations et en mettant en lumière les bénéfices.
Des capteurs sur les vélos
Nous nous sommes inspirés de ce qu’ont fait d’autres villes. A Londres par exemple, ils ont mis des capteurs sur les sacs d’école des enfants : ça a rendu les chiffres de la qualité de l’air transparents pour les parents. A Stockholm, nous avons posé des capteurs sur les vélos, ce qui nous a aussi permis d’avoir des données en temps réel.
Le sujet est donc devenu une question de santé publique, ce qui a changé notre approche et le soutien à cette initiative. D’un coup, on ne parlait plus de sacrifices mais d’investissement pour la santé des habitants. Nous sommes ainsi parvenus à rallier à notre cause de nombreux sceptiques.
Rues piétonnes plus sûres
Nous avons rendu plusieurs rues piétonnes, supprimé et déplacé beaucoup de places de parking et aménagé des places pour qu’elles soient plus accueillantes pour les enfants. Évidemment, quand nous avons supprimé les places de parking en centre ville, cela a donné lieu à de nombreuses critiques. Mais les gens ont vu que les restaurants pouvaient ouvrir des terrasses sur la rue, que les enfants étaient plus en sécurité, que les rues devenaient plus sûres parce plus animées.
Réussite collective
Quand les gens voient et sentent la différence, ça renforce un sentiment de réussite collective, ce qui m’amène à un point déterminant :
l’importance d’encourager le changement de comportement, à la fois au niveau individuel et collectif.
Ce que nous avons compris, c’est que ça ne suffit pas de construire des pistes cyclables, par exemple. Nous avons besoin que les gens adoptent de nouvelles habitudes, afin que les choix soutenables deviennent faciles. Pour y parvenir, la municipalité a ainsi mis à disposition de ses habitants des outils et des conseils pratiques.
Une valeur partagée et durable
La durabilité est désormais une valeur partagée par tous : devenir une ville en transition écologique est maintenant un projet collectif qui se concrétise dans les choix quotidiens des milliers d’habitants de Stockholm. Et je pense que c’est la raison du succès d’un changement durable.