Garantir un droit à l’alimentation de qualité pour tous. C’est l’objectif de la Sécurité sociale de l’alimentation. Un projet qui essaime un peu partout en France, où des initiatives locales apparaissent. A Lyon, une caisse alimentaire verra le jour dans quelques semaines. Mariella Eripret, chargée de mission démocratie alimentaire au sein de la Caisse alimentaire du 8e arrondissement, nous en dit plus sur la Sécurité sociale de l’alimentation et l’expérimentation lyonnaise.
Que signifie la Sécurité sociale de l’alimentation ?
Il s’agit d’un projet politique, porté par un groupe de plus en plus conséquent, de chercheurs, d’économistes, d’acteurs du monde paysan, d’associations. Ce projet vise à créer un droit à l’alimentation de qualité pour tous et des droits pour les producteurs de cette alimentation.
L’objectif est de sortir du modèle de l’aide alimentaire. Car, en effet, les personnes qui dépendent de cette aide doivent prendre ce qu’il y a. Elles n’ont pas le choix de leur alimentation. Et la qualité de l’alimentation n’est pas prise en compte. Cela nuit à la dignité humaine.
En résumé, la Sécurité sociale de l’alimentation (SSA) repose sur trois piliers :
- L’universalité, qui doit permettre d’aller vers un droit à l’alimentation de qualité pour tous
- Le financement via des cotisations sociales (chacun paie en fonction de ses ressources)
- Et enfin le conventionnement démocratique des lieux (ce sont les membres du projet qui sélectionnent les lieux dans lesquels il est possible d’acheter des produits dans le cadre de la SSA).
Concrètement, l’idée est que chacun cotise à une caisse commune, en fonction de ses revenus. Tous les mois, chaque membre dispose du même montant lui permettant d’acheter des produits conventionnés de qualité.
Comment est né le projet lyonnais ?
A Lyon, l’expérimentation porte sur la création d’une caisse alimentaire dans le 8e arrondissement. Elle est portée par Territoires à VivreS Grand Lyon, qui regroupe un collectif d’associations nationales travaillant sur l’accès à l’alimentation et des acteurs locaux. Elle est née dans la continuité d’une démarche engagée il y a deux ans. Cette démarche a donné naissance à la MESA (Maison Engagée et Solidaire de l’Alimentation). La MESA propose des ateliers cuisine, des événements, mais aussi une épicerie en vrac et un restaurant, qui reposent sur une tarification solidaire.
Puis, en 2023, il a été décidé de pousser cette expérimentation plus loin, avec la création de la caisse alimentaire. La Métropole de Lyon soutient le projet (à hauteur de 200 000 euros).
Où en est-il ?
La première phase, que nous avons réalisée en début d’année, a été de constituer un collectif d’habitants (ils sont une trentaine). C’est ce collectif qui définit les modalités de fonctionnement de la caisse (montant du versement mensuel, montant des cotisations, nécessité ou non de justificatifs de revenu, liste des lieux conventionnés, etc.). Nous sommes en train de finaliser cette étape. L’objectif est que les premiers versements aient lieu en juillet. Le réseau de membres sera élargi à la rentrée. Et la caisse alimentaire officiellement inaugurée à l’automne.
Concrètement, comment la caisse va-t-elle fonctionner ?
Alors, nous sommes encore en train d’échanger sur les modalités de fonctionnement. Mais, nous pouvons déjà en donner l’idée générale. Tous les habitants du 8e arrondissement de Lyon pourront bénéficier de cette caisse alimentaire. Et, chaque membre cotisera mensuellement selon ses moyens. Pour les personnes ayant de faibles revenus ou étant sans emploi, la cotisation serait symbolique (de l’ordre de quelques euros). A priori, les membres bénéficieront chaque mois, de 150 euros par foyer, auquel s’ajoutera un forfait par personne supplémentaire au sein du foyer. Les adhérents pourront dépenser cette somme dans les lieux conventionnés que nous aurons définis (épiceries bio, Amap, producteurs locaux, fermes urbaines, etc.).