Le saumon d’élevage, pas si sain que ça !

Riche en oméga 3, alternative intéressante au bœuf, le saumon d’élevage est considéré comme un produit sain et « bon pour la planète ». En choisissant ce poisson, le consommateur pense éviter de polluer et de piller les ressources halieutiques. La réalité est plus complexe et beaucoup moins rose !

Du luxe au fast food

Le saumon d’Atlantique était autrefois produit de luxe. Il est devenu un mets presque aussi commun que le steak. En quarante ans, on est passé de quelques milliers de tonnes de saumons pêchés par an, à l’élevage d’un million de tonnes de saumons. L’élevage de saumon, initié en Norvège dans les années 70, s’est internationalisé.

Avec presque 3 kg de saumon consommés par personne chaque année, la France est le 2e pays au monde où on mange autant de ce poisson gras. Que ce soit chez le poissonnier, le café « healthy », le boulanger, le restaurant de poke bowl ou de sushi, vous aurez votre option au saumon : nous le mangeons à toutes les sauces, à tous les repas et sous toutes ses formes. En France, la majorité du saumon vient de Norvège, qui est le deuxième exportateur de poissons au monde.

Surpêche, maladies et concurrence

Seul l’élevage permet de suivre une telle demande. Or, celui-ci pose plusieurs problèmes, qu’il soit bio ou conventionnel. Pour commencer, le saumon est un poisson carnivore. Pour nourrir les saumons d’élevage, il faut donc pêcher beaucoup d’autres plus petits poissons qui seront transformés en farines. Son élevage intensif favorise donc la surpêche et menace la sécurité alimentaire de millions de personnes dans le monde. Et nourrir les saumons avec des protéines végétales change leur goût et la consistance de leur chair.

Comme dans tout élevage intensif, les maladies et les poux pullulent. Certains scientifiques parlent même « d’installations de culture de pathogènes » pour désigner les élevages de saumon. Ces maladies se transmettent à leurs cousins sauvages, causant une surmortalité chez ces derniers, déjà menacés. Pour traiter ces maladies, des pesticides et des antibiotiques sont utilisés, contaminant la chair du poisson et le bras de mer dans lequel les bassins de piscicultures se trouvent.

A cela s’ajoutent les « évadés ». Chaque année, des milliers de saumons d’élevage s’échappent de leur enclos. Les évadés concurrencent les saumons sauvages pour l’espace, la nourriture et les partenaires de reproduction. Si vous souhaitez en savoir plus sur la (sur)pêche et les conditions pour réussir une transition dans ce secteur, nous vous recommandons cet épisode du podcast « Chaleur humaine ». Vous pouvez aussi consulter notre guide sur la pêche durable : il vous permettra de décrypter les étiquettes chez votre poissonnier et choisir votre poisson en fonction de la façon dont il a été pêché.