Dilemme, chaque année, quand cette fameuse fête des Mères arrive. Dur de résister aux cadeaux offerts par nos bambins, mais le côté “fête vichyste” aux accents très “travail famille patrie” ne botte pas grand monde… Détachez-vous de cette idée reçue: la fête des Mères est bien plus ancienne. En France, c’est à Artas, petit village isérois, qu’elle a été institutionnalisée.
Pascal Chauvin, historien local et président de l’association Mémoire et patrimoine d’Artas, s’est penché sur la naissance de « L’Union fraternelle des Pères de famille méritants d’Artas”, créé par un instituteur de la région, Prosper Roche (cliquez ici pour voir une lettre manuscrite de l’instituteur). En pleine époque nataliste, cette Union fraternelle a voulu mettre à l’honneur des mères de familles nombreuses. Le 10 juin 1906, Marie Philippe et Marie-Louise Bouvard (neuf enfants chacune) sont officiellement récompensées lors d’une cérémonie bien rodée. “Vêtues de blanc, deux jeunes filles s’avanceront ensuite vers ladite mère et lui remettront un bouquet composé de fleurs symbolisant les qualités maternelles. Le président déposera alors une couronne de laurier artificiel sur la tête de la mère de famille à qui il adressera ses félicitations ou remettra la récompense accordée”, peut-on lire dans les documents officiels. C’est la première fête des Mères de France.
Mais c’est le développement à l’étranger, et notamment aux Etats-Unis, qui dynamisera le mouvement en France. Très touchée par le décès de sa mère en 1905, l’Américaine Anna Jarvis créé le Mother’s day en 1908, le deuxième dimanche de mai. Quelques années plus tard, en 1914, le président Wilson officialise cette journée. Les soldats américains débarqués en France en pleine première guerre mondiale popularisent la célébration. En 1943, le régime de Vichy l’inscit pour la première fois sur l’almanach, et ne fait donc qu’officialiser une fête déjà très présente à l’étanger et en France officieusement depuis des années.
Il ne nous reste plus qu’à célébrer nos mères, sans culpabilité, le dernier dimanche de mai. Eh oui, chez nous, le deuxième dimanche de mai est déjà pris par Jeanne d’Arc… Bien des pays arabes, en revanche, ont choisi la date du 21 mars, celle de l’avènement du printemps.