Comment rendre hommage à un monde qui disparaît ? Des espèces qui disparaissent, des hivers qui n’en sont plus vraiment, des glaciers qui se transforment en petits tas de neige avant de fondre complètement… Pour contrer l’indifférence et alerter toujours plus opinion publique et décideurs, certains militants écologistes suisses et islandais se lancent dans des « enterrements de glaciers ».
On y croise des personnalités et collectifs éclectiques. Pour l’enterrement du glacier de Trient, en 2019, se sont réunis les Aînées pour la protection du climat, Extinction Rebellion, Action Carême… Ainsi que le Prix Nobel de chimie Jacques Dubochet. Selon l’Alliance climatique, qui a réuni moult associations environnementales pour l’événement :
« Le glacier du Trient est un des exemples les plus flagrants de la fonte des glaciers : il a reculé de plus de 1000 mètres ces 30 dernières années. Il y a plus de 500 petits glaciers qui ont déjà disparu ces dernières années en Suisse et d’autres plus grands vont disparaître dans les années à venir. »
En 2019, les Suisses ont aussi organisé une « marche funèbre » en hommage au glacier du Pizol. Celle-ci a réuni 250 personnes à 2700 mètres d’altitude, certaines vêtues de noir. (Sachant qu’ils limitent l’ampleur des rassemblements pour ne pas perturber les écosystèmes.)
L’un des organisateurs, Yves Maillard, fait partie d’une asso écologiste protestante Pain pour le prochain, membre de l’Alliance climatique suisse. Interrogé par Usbek et Rica, il disait :
« Il y a aussi une dimension spirituelle dans cette action. Les funérailles nous relient à notre spiritualité, c’est une manière de rendre visible le dérèglement climatique. Le CO2 dans l’atmosphère, après tout, on ne peut pas le voir ! Quand on s’approche d’un glacier et qu’on dit « Vous voyez, il y a 30 ans, ce glacier, il était ici, à nos pieds » et qu’on lève la tête en le voyant 1 000 mètres plus loin, c’est très spectaculaire. »
Les Suisses ne sont pas les seuls – ni les premiers – à organiser de tels événements. L’Islande a ainsi dévoilé, en août 2019, une plaque à la mémoire de l’Okjökull, premier glacier de l’île à avoir perdu son statut.