On la marie avec la toile d’araignée, on s’en sert pour construire des lampes et des boîtes, on compte sur elle pour relancer l’économie d’un quartier, et c’est toujours la reine des fêtes de fin d’année.
Petit tour d’horizon sur ce fil doux et noble venu d’Asie.
La mésentente cordiale du beau et du bio ?
Contrairement à d’autres textiles comme le coton ou le lin, la soie est un fil d’origine animale. Elle est produite en majorité par la larve du ver à soie Bombix mori. L’élevage implique l’utilisation de pesticides et d’engrais (pour nourrir les mûriers qui accueillent les chenilles). Son impact sur l’environnement n’est donc pas à prendre à la légère. D’autant que la soie est produite principalement en Asie où les normes bio-sanitaires ne sont pas au même niveau d’exigence qu’en Europe. Alors, existe-t-il une vraie filière bio? On peut toujours se fier au label Ecocert qui garantit un contrôle des critères sociaux, économiques et environnementaux. Mais, en dehors d’initiatives isolées, difficile de trouver de la soie qui réponde vraiment à ces critères.
Comment ne pas perdre le fil ?
Certaines matières synthétiques imitent très bien les matières naturelles. La « soie artificielle » rebaptisée rayonne en 1934, est presque indécelable au toucher. Reportez-vous à l’étiquette en cas de doute. En revanche, méfiez-vous des soies peu chères qui peuvent être mélangées à d’autres fibres, comme la viscose ou le polyester. Comment savoir si une soie est pure ? Faites le test du fil. Brûlez-en une extrémité. Si la combustion est rapide avec un flash, il est fort probable que ça soit de la viscose. S’il s’agit de polyester, la cendre sera noire et la flamme bleue. La soie, quant à elle, brûle moins rapidement que le coton, a une petite flamme qui s’éteint d’elle-même et une cendre qui s’écrase facilement sous les doigts.
Un peu de toile d’araignée
Utiliser un fil de soie transgénique, hybride entre celui de l’araignée et du ver, ça vous paraît digne de Spiderman ? Et pourtant, depuis 2010, l’université de Notre- Dame (Indiana – Etats-Unis), en partenariat avec celle du Wyoming et les laboratoires Kraig Biocraft, ont utilisé un bout d’ADN d’arachnide pour l’insérer dans le génome du ver à soie. Le résultat ? Un organisme génétiquement modifié qui fabrique des fibres plus résistantes et de meilleure qualité, de 2 à 5% d’origine arachnéenne. « Cette recherche représente une avancée significative dans le développement des fibres de soie de qualité supérieure, pour des applications médicales et non médicales.», a déclaré Malcolm J. Fraser Jr., professeur en biologie de Notre-Dame. A quand la fabrication industrielle d’écharpes, d’airbags ou de robes de soirée en fil de soie d’araignée ?
Quand elle est moulée à chaud…
Et il n’y a pas que la biologie que ce filon intéresse. La soie est au cœur du projet lauréat de Lille Design for Change développé par trois étudiants de l’Ecole Nationale Supérieure de Création Industrielle, Alba Diaz Strum, France Wang et Ambroise Jugan.
Leur objectif ? Redynamiser une friche textile grâce à l’utilisation du ver à soie. En fabriquant des objets éco-responsables grâce au procédé de moulage à chaud de non tissé de soie (les fibres ne sont pas tissées mais assemblées entre elles), le projet baptisé « Sois du Nord » espère redonner une nouvelle jeunesse au site de Fives-Cail-Babcock. Ambroise Jugan a été invité par Art point M à développer ce procédé lors d’une résidence à Tourcoing. Le résultat ? Une lampe surprenante et une boîte inspirée des tavelles, les traditionnels dévidoirs.