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Entretien

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Flore Berlingen : « Le recyclage n’est pas la panacée d’un point de vue environnemental »

Il peut même être contre-productif s'il pérennise un système fondé sur le jetable.

Pour Flore Berlingen, le recyclage est un "grand enfumage" © Archive personnelle

Paru le 26 septembre 2023, modifié le 27 septembre 2023

Ecrit par Mathilde de Mon Quotidien Autrement

Les déchets sont dans son viseur depuis longtemps. Flore Berlingen, 37 ans, a été directrice de l’association Zero Waste France de 2013 à 2020. Elle est l’autrice de « Recyclage, le grand enfumage » (Rue de l’échiquier, 2020). À Mon Quotidien Autrement, elle décrit l’écran de fumée que le recyclage peut représenter, pour éviter de croire que la poubelle jaune est l’antidote pour réduire l’empreinte de notre consommation et de nos emballages.

Pendant sept ans, vous avez été directrice de l’association Zero Waste France qui milite pour une réduction des déchets à la source. Comment en êtes-vous venue à vous attaquer à ceux qui se recyclent ?

Les lois française et européenne prévoient une hiérarchie des déchets, qui consiste à éviter la production de déchets, avant de penser à leur recyclage puis à leur incinération. Avec mes collègues de Zero Waste France, nous nous sommes rendus compte que cette hiérarchie n’était pas respectée. Que la société passait directement à la case recyclage sans passer par la case prévention.

Nous avons voulu montrer que le recyclage n’était pas la panacée d’un point de vue environnemental. Je me suis donc lancée dans l’écriture d’un essai, tout en étant consciente que ce n’était pas forcément évident de prendre la parole sur ce sujet sous cet angle. Avec la crainte que l’on m’accuse de décourager les gens de trier. Mais je me suis dit qu’il valait mieux faire de la pédagogie et expliquer en quoi le recyclage était nécessaire, mais loin d’être suffisant. Même d’oser dire qu’il était contre-productif s’il servait à pérenniser un système fondé sur le jetable.

Pourquoi le recyclage est un « grand enfumage », comme vous l’écrivez ?

Parce qu’il donne l’impression que nous réglons la question des déchets, alors que c’est faux. Le glissement sémantique des consignes de tri est parlant sur ce point : maintenant, cela donne l’impression que soit on trie (dans la poubelle jaune), soit on jette (dans la poubelle noire). Comme si le fait de trier, ce n’était pas jeter !

Cela contribue à penser que ce qui est trié va forcément être recyclé, alors que ce n’est pas toujours le cas. Puis si des bouteilles plastiques sont transformées en nouvelles bouteilles, il y a quand même une perte de matière et il faut rajouter de la matière vierge. Par ailleurs, le processus de production consomme de l’énergie, émet des gaz à effet de serre et un certain nombre de polluants.

L’évolution des consignes de tri n’a-t-elle pas permis au moins de récupérer plus d’emballages qui peuvent se recycler ?

Sans doute. Mais cette communication pointe surtout la responsabilité du consommateur. Comme si les manquements du recyclage étaient liés au fait que les gens triaient mal. Alors que l’obstacle principal au recyclage, c’est la non recyclabilité technique ou économique. Parfois on ne sait pas faire, parfois ce n’est pas viable économiquement. L’éco-organisme en charge de la collecte des déchets et les recycleurs mettent les bouchées doubles pour créer de nouvelles filières de recyclage, alors que cela coûte cher, plutôt que de se demander comment éliminer les emballages problématiques.

Quelles solutions pourrait-on imaginer pour couper le robinet ?

Il faudrait en particulier se concentrer sur la réduction de la consommation de plastique. C’est une matière qui a des propriétés intéressantes, mais parfois elle est utilisée pour des objets ou des emballages que l’on va utiliser seulement quelques minutes. Il faudrait la considérer comme précieuse et la réserver à certains usages et à des produits vraiment durables.

Pour faciliter son recyclage, nous pourrions faire le choix de restreindre le nombre de résines plastiques par exemple. Ou aller vers une forme de standardisation. Pour l’instant, cela se heurte aux techniques marketing et à l’intérêt des marques.

Mais globalement, c’est tout un système qu’il faut transformer. Pour substituer du plastique par du verre consigné par exemple, il faut que les circuits de consommation soit plus courts, repenser le transport de ces emballages qui sont plus lourds… Le point positif, c’est que d’autres bénéfices s’ajouteraient : cela permettrait de relocaliser l’alimentation, de gagner en qualité pour la santé, d’avoir une agriculture plus vertueuse.

Et à l’échelle individuelle, que faire ?

Pour moi, la solution n’est clairement pas individuelle, ou pas seulement. Bien sûr en tant qu’individu, on peut essayer de contribuer le moins possible au problème. On peut aller faire ses courses en vrac ou avec des contenants réutilisables. Mais le problème de l’action individuelle que je constate, c’est que cela reste un parcours du combattant dans la plupart des cas. À mon sens, le but est de changer le cadre et l’organisation générale pour que ce ne soit plus le cas. Sinon cela reste une affaire de militants sans émerger comme une habitude quotidienne majoritaire. C’est pour ça que Zero Waste France reste principalement une ONG de plaidoyer, pour trouver des solutions à l’échelle collective.

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