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Les terres rares, c’est quoi ?

On en a tous dans les mains.

Les terres rares regroupent 17 métaux ultra stratégiques dans la transition énergétique et numérique.

Paru le 21 janvier 2020, modifié le 4 février 2020

Ecrit par Déborah de Mon Quotidien Autrement

L’énumération s’apparente à un gloubiboulga sonore aux résonances latines, avec une pointe de grec. Allez, juste pour le plaisir, on vous en fait l’inventaire : scandium, yttrium, lanthane, cérium, praséodyme, néodyme, samarium, europium, gadolinium, terbium, dysprosium, holmium, erbium, thulium, ytterbium, lutécium, prométhium. Ces 17 métaux constituent ce que l’on appelle les terres rares. Peut-être n’en avez-vous jamais entendu parler ? Pourtant, ces métaux sont ultra stratégiques. On en trouve dans les téléphones portables, les tablettes, les voitures (électriques, en particulier), les éoliennes… Toute la transition énergétique, et numérique, repose sur eux. Le journaliste Guillaume Pitron a enquêté pendant plusieurs années sur ces métaux, leur exploitation (polluante) et la dépendance à la Chine qu’elle génère. Il en a tiré un livre, dont on recommande la lecture : La Guerre des métaux rares. La Face caché de la transition énergétique et numérique. (1)

Voilà ce que l’on peut vous dire de ces minerais du futur.

A quoi servent ces métaux ?

Contrairement à ce que leur nom indique, tous ne sont pas rares. Le cérium est par exemple plus abondant que le cuivre dans l’écorce terrestre. Par contre, ils sont très dispersés sur la surface du globe et sont mélangés à des métaux plus abondants, comme la bastnaésite ou la monazite, donc complexes à extraire. Les minéralogistes connaissent leur existence depuis le 18ème siècle, mais ce n’est qu’au 20ème siècle qu’on a réellement découvert leurs extraordinaires propriétés. Les terres rares sont notamment utilisées pour colorer le verre et la céramique, pour piéger les gaz d’échappement des véhicules dans des pots catalytiques, pour mettre au point de nouveaux matériaux plus légers et plus robustes (dans l’aéronautique notamment), mais aussi et surtout pour fabriquer des aimants super puissants utilisés dans les moteurs des véhicules électriques et des éoliennes et permettant de transformer les rayons captés par les panneaux solaires en courant. Enfin, ces métaux sont chers, très chers.

Où les trouve-t-on ?

Il existe des gisements un peu partout sur la planète. Des dizaines d’États en ont recensés. Avant 1965, l’extraction, encore très marginale, était concentrée en Afrique du Sud, au Brésil et en Inde. Entre 1965 et 1985, les États-Unis ont pris le leadership sur leur exploitation.

La France n’était alors pas en reste, puisque jusqu’à la fin des années 1990, l’entreprise Rhône-Poulenc (aujourd’hui Solvay) transformait la moitié des terres rares du monde. Aujourd’hui, ces minerais sont produits à 95 % par la Chine. Le pays a mis en place une telle stratégie de dumping économique et environnemental qu’il a progressivement pris la main sur la totalité du marché. Quelque 10 000 mines seraient éparpillées sur le territoire chinois.

L’écrasante présence de la Chine

La mainmise de la Chine sur un marché stratégique comme celui des terres rares -indispensables à la transition énergétique et numérique- est problématique, car elle donne les pleins pouvoirs au pays. Un exemple : en 2010, un conflit a opposé la Chine au Japon à propos des îles Senkaku, dont les deux pays se disputent la souveraineté depuis le 19ème siècle. Pour faire pression sur le Japon, la Chine a instauré un embargo (informel) sur les exportations de terres rares, empêchant le Japon de produire certains de ses produits high-tech.

Après avoir acquis le monopole sur les mines, la Chine entend désormais remonter la filière. Guillaume Pitron explique dans son livre : « Pékin a d’abord attiré, par la séduction ou la force, les industriels étrangers sur son territoire, s’est associé à eux via des joint-ventures, avant d’enclencher un processus de « co-innovation », ou de « réinvention », qui lui a permis de s’accaparer les technologies des fabricants de super-aimants japonais et américains. »

Les « villages du cancer »

L’exploitation de ces terres rares est très polluante. C’est d’ailleurs pour cela que les pays occidentaux ont été si enclins à délocaliser la production en Chine. Pour extraire ces métaux, il faut d’abord broyer la roche, puis employer de très nombreux réactifs chimiques, tels des acides sulfuriques et nitriques, pour obtenir un concentré de terres rares pur. Au total, des dizaines d’opérations sont nécessaires. Sans compter que la purification d’une tonne de terres rares nécessite 200 mètres cubes d’eau en moyenne. Une eau qui se charge au passage d’acides et de métaux lourds et qui est ensuite souvent évacuée directement dans les fleuves. En Chine, qui s’est peu préoccupée des conséquences de cette activité sur son environnement, les rejets toxiques ont infesté les puits, les nappes phréatiques et les champs. Les pluies acides sont aujourd’hui fréquentes et certains villages sont même surnommés « villages du cancer », tant le nombre de malades y est élevé.
Pour couronner le tout, ces minerais sont le plus souvent utilisés sous forme d’alliage, afin de démultiplier leurs propriétés, ce qui rend leur recyclage particulièrement complexe. Un recyclage qui nécessite déjà d’employer des techniques longues, coûteuses, et lourdes en produits chimiques et en énergie.

Opération de greenwashing

Pour Guillaume Pitron, « dissimuler en Chine l’origine douteuse des métaux a permis de décerner aux technologies vertes et numériques un certificat de bonne réputation. C’est certainement la plus fantastique opération de greenwashing de l’histoire », affirme-t-il, avant de poursuivre : « Dans les deux dernières décennies du XXème siècle, les Chinois et les Occidentaux se sont tout bonnement répartis les tâches de la future transition énergétique et numérique : les premiers se saliraient les mains pour produire les composants de green tech, tandis que les seconds, en les leur achetant, pourraient se targuer de bonnes pratiques écologiques. »

Réouverture des mines chez nous ?

Pour l’auteur de La Guerre des métaux rares, un « renouveau extractif dans l’Hexagone » est nécessaire. En d’autres termes, la réouverture des mines. L’argument peut sembler insensé, mais il explique : « La délocalisation de nos industries polluantes a eu un double effet pervers ; elle a contribué à maintenir les consommateurs occidentaux dans l’ignorance des véritables coûts écologiques de nos modes de vie et elle a laissé à des États dépourvus de tout scrupule écologique le champ libre pour extraire et traiter les minerais dans des conditions bien pires que si la production avait été maintenus en Occident. »

Comment agir à notre échelle ?

  • Consommons moins de produits nécessitant des terres rares. Cela signifie ne pas changer de téléphone tous les deux ans, ne pas nécessairement avoir un téléphone, une tablette et deux ordinateurs chez soi, etc.
  • Réparons nos appareils. Pour consommer moins, nous pouvons aussi allonger la durée de vie de nos appareils en apprenant à les réparer plutôt que de racheter systématiquement un nouveau modèle.
  • Consommons mieux. Certains appareils sont justement conçus pour avoir une durée de vie plus longue et être réparés. C’est notamment le cas des Fairphone.

(1) Ed. Les Liens Qui Libèrent. 2018. (20 euros)

Avis sur : Les terres rares, c’est quoi ?

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