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« Ce n’est pas parce que les couples durent moins longtemps qu’ils sont plus malheureux »

La psychologue québécoise Rose-Marie Charest décortique le couple et l'amour contemporain...

"Ce n'est pas parce que les couples durent moins longtemps qu'ils sont plus malheureux"

Paru le 12 février 2013, modifié le 11 février 2021

Ecrit par Mon Quotidien Autrement

Rose-Marie Charest est présidente de l’Ordre des psychologues du Québec, elle a écrit Oser le couple, publié en octobre dernier aux éditions Armand Colin, un livre-dialogue avec le sociologue Jean-Claude Kaufmann. Aujourd’hui, elle répond à toutes nos questions sur ce que signifie le couple de nos jours.

N’assiste-t-on pas à un retour au couple, en cette période de crise ?

On voit chez les jeunes, ici au Québec notamment, une énorme volonté de former un couple qui ne se séparera pas. C’est une facon de se protéger, pour se mettre à l’abri des agressions économiques et sociales, parce qu’ils ont été ébranlés par la séparation des parents… Mais pas seulement, ça n’expliquerait pas le mariage. Vous venez de vivre un débat intéressant en France, le mariage prend tout son sens puisque les homos le réclame comme une capsule. La motivation principale, c’est l’engagement à long terme. La composante attachement dans le couple est devenue aussi importante que la passion. Les gens avaient tendance à donner beaucoup de place à la passion, ce qui est toujours le cas mais, aujourd’hui, l’attachement, la stabilité, l’engagement, comptent.

Il y a un décalage entre l’impératif contemporain de réalisation de soi et la vie de couple ?

Un défi plus qu’un décalage : à une époque, le couple était au service de la famille. Maintenant, il est mis au service de l’individu, il existe parce qu’il nous rend heureux. Un défi parce que le fait d’être en couple nous amène à faire des choix, à ne pas se permettre tous les plaisirs, à tenir compte du bonheur de l’autre. Ce peut être tentant de dire, « je serai mieux seul, sans engagement ». Certaines personnes oscillent entre ces deux statuts, sans être bien dans aucun des deux. La liberté, c’est quelque chose de très attirant, la liberté est la valeur principale véhiculée de nos jours. L’expression de cette liberté dans nos rapports amoureux, si elle n’arrive pas à se vivre à l’intérieur d’une relation stable, on n’est plus sûr qu’il s’agisse de liberté. Il peut s’agir de compulsion : certaines personnes sont à la recherche d’un bonheur qu’elles ne trouvent pas, rompent leurs relations, puis recommencent sans cesse, sans jamais trouver de satisfaction.

La durée du couple est-elle menacée ?

La durée du couple est menacée mais il faut banaliser le fait que le couple est exigeant en soi ! Ce n’est pas parce que les couples durent moins longtemps qu’ils sont nécessairement plus malheureux. A l’époque de nos parents, être ensemble ne signifiait pas être heureux. Il y a derrière un couple qui choisit librement de rester ensemble un plus gros potentiel de bonheur que derrière un couple imposé, qui dure mais dont on ne peut sortir. C’est la liberté d’être ou non en relation qui fait la force du couple. Ceci dit, j’incite toujours les gens à bien réfléchir avant de mettre fin à leur couple, pour qu’ils comprennent à quoi ils mettent fin : si c’est un problème qu’on porte en soi ou qui appartient à la dynamique du couple, il y a la possibilité qu’on le reproduise dans le prochain couple. Du coup, on aurait intérêt à régler le problème au sein du même couple ! Il y a cette pensée magique, cette idée selon laquelle si on n’est pas heureux, c’est à cause de l’autre, et que sans lui/elle on irait mieux. On voit beaucoup de dépressions post-séparation dues au fait qu’on fait l’erreur de penser que son malheur est du à l’autre (même si certains couples sont bien sûr toxiques). Quand je fais des thérapies de couple, je dis aux gens : « si vous étiez seul le matin, vous ne diriez pas que c’est l’autre qui vous énerve, vous vous diriez « qu’est ce que j’ai ce matin? » Il ne faut pas toujours attribuer à l’autre nos états d’âmes, mais rester vigilant pour ne pas se perdre de vue.

On fustige la « dépendance » à l’autre…

La peur de la dépendance est tellement grande que les gens se privent du bonheur de peur d’être dépendant… Mais si on vit en couple avec quelqu’un, on a plaisir à le voir, on a envie que l’autre soit là. L’engagement, ce n’est pas la dépendance ! Cela le devient quand la relation est destructrice, qu’on reste à tout prix.

On vit dans une époque où tout se calcule, s’évalue… Quel impact sur le couple ?

On a tendance à faire une analyse constante des coûts et des bénéfices. ça va avec la valorisation de la liberté dont nous parlions. Si on a le sentiment qu’il faut choisir tout le temps, on a peur de faire le mauvais choix ! Donc, on regarde si tout convient toujours, alors qu’une relation s’évalue en prenant un peu de recul, on ne peut pas faire une analyse comptable tous les jours. Et c’est clair qu’en faisant ça, on pourrait être constamment attiré à l’extérieur du couple, car il y a toujours plus jeune et plus beau ! Mais en général ce ne sont pas sur ces critères qu’on choisit l’autre : on reste parce qu’on se sent chez nous. C’est comme un appartement, c’est vrai qu’on pourrait l’améliorer, mais c’est celui-là qui est à nous. Un jour on ne se sent plus chez nous et c’est pour ça qu’on quitte l’autre.

Avis sur : « Ce n’est pas parce que les couples durent moins longtemps qu’ils sont plus malheureux »

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