« Le gouvernement envoie un nouveau signal négatif aux producteurs et productrices bio», se lamente la Confédération paysanne dans un communiqué, le 20 janvier. La cause de son courroux ? Le Sénat a voté un amendement supprimant tout bonnement l’Agence bio, l’Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique. Il s’agirait de transférer ses missions à d’autres entités publiques, comme France Agrimer. Un démantèlement en règle.« L’idée, dans son principe, est évidemment intéressante et même tout à fait pertinente», a ainsi dit Annie Genevard, la ministre de l’Agriculture. Qui conseillait toutefois « d’étudier ses modalités d’application » afin de « garantir un atterrissage en douceur ».
Et pour cause : l’Agence, qui existe depuis vingt-quatre ans, compte 3000 agents. Son rôle est essentiel, elle concocte des campagnes d’informations sur la bio, et accompagne le développement de la filière via le fonds Avenir bio… Une campagne de pub « bio réflexe » va d’ailleurs débuter (radio, affichage dans le métro…) avant le Salon de l’agriculture.
« C’est pour le moins osé »
Des tâches cruciales car l’agriculture biologique traverse une crise depuis trois ans. Côté agriculteurs : les surfaces agricoles bio ont subi une perte historique de 54 184 hectares. Côté consommateurs : les ventes ont continué de baisser dans les grandes surfaces (-3,8 %), et le taux de bio dans les cantines est passé de 7 à 6 %.
« Venir nous expliquer en pleine crise de la bio qu’il faut supprimer l’acteur chargé de promouvoir nos produits, c’est pour le moins osé. Depuis trois ans, nous avions l’impression d’être rentrés dans un processus collaboratif de recherche de solutions qui vient d’être mis à terre » s’inquiète Philippe Camburet, président de la FNAB, la Fédération nationale d’agriculture biologique.
L’organisme parle d’un manque de cohérence, sachant qu’en avril dernier, l’État et l’Agence bio s’étaient lancés dans le programme Ambition Bio 2027. À l’époque, la directrice de l’Agence bio Laure Verdeau assurait : « Plus un citoyen est informé sur le bio, plus il en mange. Un quart des Français dit : je ne mange pas bio parce que je n’y pense pas. »
Mais alors pourquoi un tel amendement, qui a provoqué la colère de toute la filière ? Pour faire des économies minuscules : un peu moins de 3 millions d’euros. Même la FNSEA (syndicat majoritaire) et Jeunes Agriculteurs, plutôt proches du pouvoir, sont contre la mesure. Les acteurs de la filière appellent à une mobilisation citoyenne massive. Le but : convaincre les politiques. Car la Commission mixte paritaire se réunira le 30 janvier pour statuer sur cet amendement.