Dans une rizière de Camargue pataugent gentiment plus d’une centaine de canards… Idée farfelue? Etrange obsession pour les palmipèdes? Rien de tout cela. Bernard Poujol veut simplement produire du riz bio. Et pour cela, il s’est inspiré d’une idée géniale venue tout droit du Japon, celle de Takao Funuro. Depuis, l’initiative a été reprise dans plusieurs régions d’Asie, et en Camargue donc.
Volatiles désherbeurs
C’est à la fois simple et d’une redoutable efficacité. Les canards se nourrissent des mauvaises herbes (ils n’aiment pas le riz), produisent de l’engrais grâce à leurs déjections, et oxygènent l’eau en nageant! « J’ai apprivoisé les canards et les ai habitués à pénétrer dans les rizières, à se familiariser avec les clôtures électriques. Je les accompagne dans la rizière et les change de parcelles quand il le faut. Ce sont des bêtes très faciles à manoeuvrer, des partenaires très intelligents, c’est un plaisir ! », explique Bernard Poujol au magazine de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). D’autant que les mauvaises herbes sont un obstacle majeur aux productions bios.
Un bon rendement
Ces sympathiques volatiles ont décidément tout pour plaire : faciles à apprivoiser, volant très peu, se transformant volontiers en animaux de compagnie. Précisons qu’il s’agit de mulard, ou « canards gras », la race justement utilisée pour le foie gras.
Selon les données de l’Inra, la France produit 1/4 de sa consommation annuelle de riz, principalement en Camargue. Aujourd’hui, 5 % des surfaces sont cultivées en agriculture biologique. Et si ces cultures impliquent souvent un rendement plus faible que les 5 tonnes par an et par hectare de l’agriculture conventionnelle, Bernard Poujol n’en est pas loin… D’autant qu’il finit par vendre les 3/4 de ses canards, à des restaurants notamment. En fait, c’est tout un système cyclique que l’agriculteur a mis en place, en préparant son champ avec de la luzerne et des moutons avant d’introduire riz et canards. Un véritable chef d’orchestre de la nature !