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Entretien

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Camille Teste : « Le bien-être peut être mis au service du militantisme »

Dépasser l'approche individualiste pour allier bien-être et luttes.

Camille Teste, autrice de Politiser le bien-être © Louise Hellot

Paru le 23 janvier 2024

Ecrit par Mathilde de Mon Quotidien Autrement

À 30 ans, Camille Teste a trouvé sa voie dans l’univers du bien-être. Ancienne journaliste, elle est devenue professeure de yoga il y a quatre ans. Engagée, ouvertement féministe, elle déplorait que ces pratiques faisant du bien reste cantonnées dans une sphère individuelle et dépolitisée. Jusqu’à ce qu’elle trouve une troisième voie, permettant de « Politiser le bien-être », nom d’un essai accessible et plutôt révolutionnaire qu’elle a signé en 2022 (Binge Audio Éditions, 15 euros). Auprès de Mon Quotidien Autrement, elle revient sur les critiques adressées à cet univers et la façon dont les pratiques de bien-être peuvent aussi faciliter les luttes sociales et écologistes.

Quel problème constatez-vous dans l’univers du bien-être ?

Le plus dangereux et celui qui se véhicule à grande ampleur, c’est celui qui fait du bien-être une idéologie, plus qu’un ensemble de pratiques qui, mises bout à bout, nous permettent de trouver un équilibre émotionnel et spirituel. Cette idéologie est totalement soluble dans le capitalisme néolibéral, qui individualise la notion de bonheur et d’épanouissement.

Selon cette idéologie, pour aller bien, vous devez vous livrer à tout un tas de pratiques pour atteindre le bonheur : yoga, gymnastique, pratiques de nutrition ou spirituelles. Ce qui fait reposer ce sentiment uniquement entre vos mains. Cela conduit à dépolitiser le bonheur, alors qu’en réalité, l’épanouissement est surtout une question collective. Nous devrions plutôt nous demander comment, en tant que société, nous pouvons nous organiser collectivement pour que nous allions tous bien.

Cette idéologie du bien-être est assez dangereuse. Elle conduit à ce que les gens ne s’engagent plus ou ne votent plus, mais ne s’intéressent qu’à leur bien-être personnel en se tournant vers des pratiques dont ils attendent la lune. Bien sûr qu’il y a des choses à en attendre, mais pas l’épanouissement de toute une société.

Qu’est-ce qu’on peut continuer à en attendre alors ? Pourquoi dénoncez-vous par exemple cette idéologie tout en continuant à pratiquer et enseigner le yoga ?

Si les gens s’intéressent autant à ces pratiques, c’est aussi parce qu’elles offrent de rares espaces dans notre société où l’on peut accepter d’être dans la douceur, de ressentir son corps et d’être dans la vulnérabilité. Ce sont des endroits où l’on peut être triste, malade, joyeux, en colère… Alors qu’il est difficile d’exprimer ces émotions fortes en temps normal. En particulier pour les personnes stigmatisées ou subissant des discriminations.

Dans le bien-être, ce que j’aime, ce sont les pratiques qui permettent d’extérioriser ce type d’émotions et aussi d’apprendre à rendre nos corps subversifs. C’est de l’ordre de la résistance au système : par exemple de cultiver une forme de lenteur ou de satisfaction qui ne se situe pas dans le fait de consommer. Quand on se muscle ou s’assouplit, on influence aussi notre manière de penser, notre cerveau. C’est le principe de la cognition incarnée. Certaines pratiques de bien-être peuvent aussi être au service d’une forme de puissance personnelle et collective : cela peut permettre de se sentir capable d’exprimer ses limites avec les autres, de revendiquer des choses dans son entreprise, dans son couple et au niveau collectif, dans la société.

En quoi les pratiques de bien-être peuvent-elles aussi être bénéfiques pour des causes telles que l’environnement ou la justice sociale ?

Les milieux militants aujourd’hui sont les héritiers d’une culture virile, qui nie les besoins de se reposer, de prendre soin de soi ou de faire attention à ses émotions. Cette approche a des conséquences sur les luttes. Beaucoup de personnes engagées le sont en raison de traumas et de souffrances, or ces vulnérabilités ne sont pas toujours bien accueillies par les milieux militants. Pour moi, les pratiques de bien-être peuvent donc permettre de faciliter les luttes, en étant plus à l’écoute de ses propres besoins et de ceux des autres.

Aussi, je suis convaincue qu’une dimension esthétique est nécessaire dans la révolution [que la gauche souhaite mener]. Alors que la gauche hippie incarnait une sorte de promesse incroyable, aujourd’hui, la gauche sonne comme un truc gris et déprimant. Or, nous avons besoin de convaincre et de faire adhérer les gens à ce projet de société. Cela peut passer par des espaces de plaisir dans nos luttes, pour montrer aussi ce que l’on vise.

Pour rendre ces pratiques plus révolutionnaires, il faut aussi les rendre plus accessibles. Auparavant, l’État et les municipalités ont construit des bibliothèques et des piscines. Pourquoi ne pas imaginer des abonnements pris en charge en grande partie par les collectivités ?

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