Shell renonce à diminuer sa production de pétrole pour privilégier sa rentabilité. BP réduit « de manière significative » ses investissements dans les énergies renouvelables. Arcelor Mittal freine sur son projet d’acier décarboné. Coca-Cola revoit ses objectifs environnementaux à la baisse, notamment sur le taux de recyclage et le passage aux emballages réutilisables. Le géant de l’agroalimentaire Unilever réduit ses engagements sur la baisse du plastique…
Les exemples sont nombreux. Et la tendance s’accélère ces derniers mois. L’heure n’est plus à la responsabilité sociétale des entreprises. Le recul des engagements écologiques dans les entreprises se multiplie, en France et dans le monde. D’après un rapport du cabinet de conseil Bain & Company, la préoccupation pour la transition écologique a baissé d’environ 30% chez les dirigeants économiques en 2024. Le marché de l’emploi dans les métiers de la RSE et de la transition écologique « est en plein ralentissement », rapporte même le média Novethic.
Un détricotage des réglementations européennes
Ce backlash -c’est ainsi que l’on nomme ce phénomène de recul- est généralisé. L’inflation et l’élection de Donald Trump, climatosceptique notoire, ont pesé lourdement sur cette tendance mortifère. A l’échelle européenne, la législation « omnibus » vise, sous couvert de « simplification » à détricoter le Grean Deal. Et notamment la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), une directive européenne qui impose des obligations accrues de transparence aux entreprises, notamment sur leurs impacts environnementaux. En mai, Emmanuel Macron a annoncé vouloir supprimer une autre directive européenne : la CS3D. Cette dernière impose de son côté un devoir de vigilance aux entreprises, notamment en matière de dommages environnementaux. Dans le même temps, la proposition de loi Duplomb, examinée à l’Assemblée nationale, prévoit la réintroduction de pesticides et l’assouplissement des réglementations sur l’élevage intensif.
Un climat loin d’être propice à favoriser l’action des entreprises. Mais ce recul des engagements écologiques n’est pas sans conséquence. Car pour rappel, l’industrie représente à elle seule un cinquième des émissions de CO2 de la France.