Brique, ciment et béton vaudraient mieux que le bois. On nous l’a appris dès notre plus jeune âge. Mais si, souvenez-vous… Le grand méchant loup détruisant les maisons de paille et de bois de son terrible souffle, était incapable de venir à bout de la cahute du troisième petit cochon, bâtie avec un solide ciment !
Il serait peut-être temps de remettre la fable à jour ! Les bâtiments en bois ont de plus en plus la cote ! « Après le métal au XIXe, le béton au XXe, le bois sera le matériau du XXIe siècle. » C’est Frank Mathis, le président de l’Association pour le développement des immeubles à vivre en bois (ADIV Bois), qui l’a dit, en juin dernier.
Construire en bois est écolo
Pourquoi s’embêter à construire des habitations en bois, alors que l’on maîtrise si bien la construction de bâtiments en béton, demanderez-vous ? C’est plus écolo, pardi ! Pour construire des bâtisses en béton, il faut nécessairement creuser des carrières de sable ou de gravier, qui finissent par s’amenuiser (si le sujet vous intéresse, jetez un œil à ce docu, c’est édifiant !) Alors que les arbres, eux, repoussent.
Ensuite, le bois est moins polluant. Les arbres ont la faculté d’emprisonner le carbone, alors que les édifices de béton en rejettent. Ainsi, selon le bureau d’études « Carbone 4 », la construction d’un logement collectif en béton équivaut à rejeter 420 kilos de Co2 par m² construit. S’il était en bois, ce serait 60 kilos de Co2 que l’on gagnerait. En pratique, pour un logement de 60 m², on fait l’économie de 30 tonnes de gaz à effet de serre, ce qui équivaut à 44 ans de chauffage au gaz de ce logement.
Pas d’inquiétude, la maison ne va pas brûler
Les chantiers de construction requièrent moins d’eau et d’électricité, et durent moins longtemps. On peut donc construire des habitations en bois qui seront solides, robustes et légères. Sans perdre les qualités acoustiques des bâtis en béton et avec une bonne isolation thermique.
Et pour ceux qui imagineraient d’ores et déjà une variante des trois petits cochons, où le grand méchant loup viendrait s’attaquer à la maison de bois avec une torche enflammée, rassurez-vous. Contrairement aux idées reçues, le bois utilisé pour la construction résiste au feu. Il transmet même la chaleur douze fois moins vite que le béton. Il est en revanche un peu plus cher : 5 % de plus pour le bois massif, par rapport au béton, selon les estimations de Philippe Zivkovic, de Promicea, dans les Echos.
Encore du boulot à abattre
Depuis longtemps déjà, certains États, comme le Canada ou les pays scandinaves, font la part belle au bois, certes abondant dans ces pays. En France, on est un peu à la traîne. Il ne représente que 10 % environ des matériaux de construction. Mais on compte bien se rattraper. Des grands promoteurs immobiliers (Nexity, Vinci…) s’engagent progressivement dans la construction en bois, les collectivités semblent suivre le mouvement, un Comité stratégique de la filière du bois a été mis sur pied en 2014 et le gouvernement a lancé un appel à manifestation d’intérêt en juin dernier.
Attention, il n’est pas ici question de la construction de chalets ou de maisons à colombage, mais bien d’immeubles. De grands immeubles, de 10 étages, entièrement en bois. Par exemple, à Bordeaux, la tour Hyperion, à côté de la gare TGV, devrait atteindre 57 mètres. Porte Maillot, à Paris, la construction d’une tour de 35 étages est prévue. A Strasbourg, Bouygues doit ériger un bâtiment de 320 logements.
Reste à régler la question de l’approvisionnement, car la France importe aujourd’hui une grande partie de son bois de construction.