« Nous pouvons bâtir une intelligence artificielle générale. Nous pouvons coloniser l’espace. Nous pouvons faire marcher la fusion nucléaire et massifier l’énergie solaire. Nous pouvons guérir toutes les maladies. Nous pouvons construire de nouvelles réalités. » Ces messages à la teneur quasi hallucinée ont été postés sur le réseau social X (ex Twitter) en 2022. Leur auteur : le jeune milliardaire Sam Altman, patron d’OpenAI, la boîte qui a lancé ChatGPT. Peu de temps après, ce logiciel d’intelligence artificielle capable de créer des textes ou des images criants de « vérité » était lancé. L’IA est plus qu’une technologie. Pour ses adeptes, des milliardaires de la tech, c’est carrément une religion, un fantasme religieux. Ils multiplient les messages utopistes, conquérants, et même messianiques. Le problème, c’est que cette technologie est hautement anti-écologique : à chaque recherche sur ChatGPT, un demi-litre d’eau minimum est dépensé ! (Pour refroidir les serveurs notamment.)
Intelligence artificielle et extrême droite
Elle est aussi anti-démocratique, car elle est au service de ces géants de la tech, qui, comme Elon Musk, bras droit de Donald Trump, promeuvent des politiques d’extrême droite. Mark Zuckerberg, patron de Facebook, WhatsApp, Instagram, etc, a par exemple récemment déclaré mettre fin à sa politique de diversité et d’égalité dans ses équipes. Pourquoi ? Parce qu’il estime que le « monde de l’entreprise [a été] culturellement émasculé » et qu’il manque « d’énergie masculine »… De quoi faire dire à certains qu’on arrive dans l’ère du techno-fascisme.
Le rêve des géants de la tech : advenir à une « intelligence artificielle générale » (IAG). C’est-à-dire une IA à l’« intelligence» similaire à celle des humains, voire capable de surpasser nos capacités cognitives. Il s’agit bien sûr d’un total fantasme (et il faudrait déjà définir ce qu’est l’intelligence humaine…). Las, selon TechCrunch, plus de 56 milliards de dollars de capital-risque ont été injectés en 2024 dans l’IA générative. L’an dernier, Donald Trump annonçait financer le gigantesque projet d’IA Stargate à hauteur de 500 milliards de dollars (environ 480 milliards d’euros). Les infrastructures (datacenters, serveurs…) commencent à être construites au Texas, soit dix bâtiments de 50 000 m2.
Immortalité
« Cela participe du courant de pensée qui, depuis les années 1970 rêve de fusionner l’homme et la machine, et d’atteindre l’immortalité, analyse dans Reporterre Nicolas Rougier, chercheur à l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique ). Pour eux et quelques élus uniquement évidemment. C’est un courant très élitiste. »
« Contrairement à l’idée initiale du web et des ordinateurs personnels qui étaient de décentraliser l’accès aux ressources informatiques, nous sommes revenus à un numérique aux mains de quelques grandes organisations, résume Félix Tréguer, de la Quadrature du Net, dans le média Techniques et ingénieurs. L’informatique centralise le pouvoir. »