Réjouissez-vous ! Votre portefeuille a beau être vide, vous n’êtes pas fichus pour autant. L’argent, le flouze, le blé, les pépètes… Has been. Comme l’a résumé Rachel Botsman, dans une formule qui a tout de suite fait mouche : « La confiance sera la monnaire du XXIe siècle ». Que peut bien vouloir dire l’auteure de « Ce qui est à moi est à vous : La montée de la consommation collaborative », pionnière de l’économie du partage ?
Tout d’abord, rappelons le contexte : l’économie collaborative, qui, en deux mots, privilégie l’usage à la propriété et s’appuie sur les nouvelles technologies, est en plein essor. Elle se base sur l’échange – horizontal – de biens entre particuliers. Vous connaissez, voire utilisez, forcément l’un de ses services : AirBnb, Blablacar.. mais aussi Ebay ou Leboncoin.
On s’éloigne tout à fait de l’entreprise traditionnelle qui propose un service, des biens neufs, et des garanties. Du côté du collaboratif, les biens sont, par essence, « usagés ». Les patrons ? Les consommateurs sont, dans une certaine mesure, leur propre patron. Les garanties ? Difficile de garantir quoique ce soit lorsqu’on parle, justement, de biens usagés, et de marché éclaté où tout le monde peut proposer une veste en cuir passée de mode ou bien sa voiture pour le weekend avec Drivy.
Tout à coup… On comprend mieux ce que voulait dire Rachel Botsman. Il faut forcément avoir confiance pour accepter d’acheter un produit à un quidam. Confiance encore, lorsqu’on prête les clés de sa propre maison à un inconnu ! « Depuis des millénaires, notre société repose sur la confiance entre des personnes qui partagent quelque chose : un lieu, un territoire, un lien familial… Mais notre étude révèle qu’il existe maintenant un nouveau type de confiance : la confiance envers les profils en ligne », résume Frédéric Mazella, fondateur de Blablacar.
Les systèmes de notations permettent de construire la confiance
Et cette confiance ne naît pas de nulle part. Certes, l’univers du web est enraciné dans une utopie contre-culturelle et somme toute assez hippie. Les adeptes du « co » en sont souvent imprégnés et ne jurent que par les licences libres ou « creative commons », le crowdfunding et les Fablab. Mais même si Internet est un espace de liberté et de partage, la fameuse « confiance » nécessaire au bon fonctionnement de l’économie collaborative doit être organisée : Comment accorde-t-on sa confiance ?
Dans une interview donnée à We Demain, l’experte affirme que « la technologie est un facilitateur qui permet de diminuer les frictions, d’accélérer les échanges et de créer de la confiance entre les utilisateurs. C’est cette confiance, comme la note attribuée aux co-voitureurs ou aux prêteurs d’appartements, qui permet de court-circuiter les institutions autrefois responsables de réguler les relations entre acteurs économiques. » Ainsi, on a vu naître de multiples dispositifs techniques qui permettent de construire et contrôler la confiance. Le plus connu étant le système de notation grâce à des étoiles. Ajoutez à cela le contrôle par les pairs grâce aux commentaires : « Livré très rapidement », « super produit, je ne suis pas décu » etc
Selon une étude, à l’heure où l’on parle de notre société comme « d’une société de défiance », 59% des Français disent avoir confiance dans les échanges entre particuliers et même 78% de ceux qui pratiquent la consommation collaborative.
Ayez confiance !
L’économie collaborative en chiffres selon l’Observatoire de la Confiance de la Poste :
La consommation collaborative n’est plus un microphénomène et ce sont désormais 48% des Français qui la pratiquent régulièrement et 32% qui disent vouloir s’y mettre quand 20% seulement y semblent réfractaires. Au total ce sont 8 Français sur 10 qui pratiquent ou ont l’intention de pratiquer cette nouvelle façon de consommer.