Réinventons la montagne, de Fiona Mille

A quoi ressembleront les Alpes en 2030 ? Si personne n’est aujourd’hui en mesure de répondre à cette question avec certitude, on peut aisément présager que la montagne aura un autre visage. Réchauffement climatique oblige. Dans ces conditions, organiser les Jeux olympiques d’hiver dans les Alpes françaises dans cinq ans est-il bien raisonnable ? C’est la question que se pose Fiona Mille dans Réinventons la montagne, Alpes 2030, un autre imaginaire est possible.

Fiona Mille habite le massif de Belledone, tout près de Grenoble. Elle travaille dans un cabinet de conseil en transformation écologique et résilience territoriale. Elle est également la présidente de Mountain Wilderness France. Cette association a pour but de défendre et promouvoir la spécificité et la richesse des espaces montagnards.

Déjà, sous ses yeux, les Alpes changent. La neige se fait plus rare. La saison de ski, plus ramassée.

Trois scenarii pour 2030

L’autrice se projette dans cinq ans et imagine trois scénarios prospectifs pour l’organisation des Jeux d’hiver.

Dans le premier, les Jeux sont bel et bien organisés. Faute de neige, la technologie est appelée en renfort. Canons à neige, retenues collinaires, procédés de géo-ingénierie, usines de « snowfarming » et transport de neige en camion jusque sur les pistes, pistes de ski en plastique recyclé pour les débutants…

Dans le deuxième scénario, Fiona Mille envisage un futur dans lequel les Jeux auraient dû être annulés, en raison de catastrophes naturelles répétées (feux de forêt en montagne notamment) et de tensions géopolitiques (conflit sino-américain). Un scénario dans lequel rationnement d’eau et coupure d’électricité en montagne ne constituent plus des événements rarissimes.

Le troisième scénario est plus réjouissant. Dans celui-ci, les Jeux d’hiver ont certes bien lieu. Mais ils coexistent avec des dynamiques de transitions citoyennes, entrepreneuriales et politiques. Des collectifs se mobilisent pour s’opposer aux grands projets dévastateurs pour l’environnement. En parallèle des Jeux, une autre fête, les Montagnardes, est organisée. Elle se veut comme une célébration des dynamiques culturelles, environnementales, économiques, ou citoyennes à l’œuvre en montagne. On y met en avant des stations qui ont pris conscience que l’âge d’or du ski était révolu et qui ont enclenché leur transition vers d’autres activités, d’autres modèles.

Ce premier essai, qui comporte également des entretiens avec des juristes, des ingénieurs, des chercheurs, des sportifs… a le grand mérite d’ouvrir le champ des possibles. De démontrer qu’il existe plus d’une voie vers 2030. De pousser à la prise de recul sur la tenue de ces jeux et plus globalement sur l’avenir de la montagne. Les réflexions et propositions sont intéressantes. Petit bémol : nous avons trouvé que les scénarios étaient parfois présentés de manière un peu caricaturale, ce qui peut nuire au propos.