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Entretien

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Hélène Claudel, prof de langue : comment enseigner à l’heure de l’intelligence artificielle ?

"Je vois ça comme le dopage dans le cyclisme". Professeur de langue au lycée, elle a revu ses méthodes d'enseignement et d'évaluation.

Hélène Claudel, prof d'espagnol, a changé sa manière d'enseigner avec l'arrivée de l'IA. Crédits : Hélène Claudel.

Paru le 29 avril 2025

Ecrit par Catherine de Mon Quotidien Autrement

Hélène Claudel est enseignante d’espagnol dans le Lycée Colbert, à Lyon 8ème. Elle compte parmi ses élèves des lycéens mais également des étudiants en cursus BTS Tourisme. Alors, comment enseigner à l’heure de l’intelligence artificielle ? 

Depuis quand avez-vous remarqué l’utilisation de l’IA, comme ChatGPT, par vos élèves ?

Cela fait quelques mois que certains de mes élèves l’utilisent notamment pour des mots d’excuse ou des demandes pour refaire un examen ou réévaluer une note. Ce sont des mails longs, avec un argumentaire très construit et éloigné de leur langage habituel. L’un d’eux n’avait pas relu le mail : il n’avait pas vu que le texte était écrit en écriture inclusive…

Quelle attitude ont vos élèves face à l’utilisation de l’IA, comme ChatGPT ? 

Il y a un côté naïf de leur part dans l’usage de cet outil : si ChatGPT le dit, c’est que c’est vrai… Sauf si le prompt a été mal rédigé ou qu’une donnée est oubliée. L’IA permet à certains élèves de combler une inégalité (aisance de langage ou à l’écriture) en les aidant à rédiger un mail bien formulé.

Mais il y a aussi un côté standardisé. Je vois ça comme le dopage dans le cyclisme : tout le monde le fait, et cela produit des résultats éblouissants. Mais aussi très formatés. Les élèves devront bientôt rédiger leur lettre de motivation dans Parcoursup. Les années précédentes, on remarquait déjà des passages copié-collé. Cette année, on redoute encore davantage de formatage. 

Que craignez-vous avec l’usage de plus en plus fréquent de cet outil ? 

Que ça les démobilise : pourquoi travailler alors que l’IA fait très bien le travail ? Et que ça produise une perte de confiance en eux : l’IA fait mieux que moi. L’intelligence artificielle est un outil redoutable. Si j’étais jeune, je ne sais pas comment je me positionnerais. Et puis il y a toute la question de l’empreinte écologique de l’IA…

En avez-vous parlé en classe ? 

Oui, j’ai fait une session mais j’ai eu le sentiment que l’exercice était biaisé. J’ai eu l’impression que les élèves n’étaient pas en confiance et n’ont pas dit toutes les utilisations qu’ils en ont réellement. 

Nous attendons une lettre de cadrage de la part de l’inspection nationale à ce sujet, qui devrait nous aider. Et dès la rentrée prochaine (en septembre 2025), l’utilisation de l’intelligence artificielle sera intégrée dans un cours. C’est un outil qu’il faut apprendre à utiliser en gardant une attitude critique. 

Dans mon cours d’espagnol, j’ai déjà pris en compte l’IA dans un travail que je leur demande. Il doivent faire une affiche et peuvent s’aider de l’IA pour cela. Mais ils doivent aussi reprendre les notions grammaticales vues en cours.

L’arrivée de l’IA vous oblige donc à revoir vos méthodes d’évaluation ? 

Cela fait déjà longtemps que je ne note plus le travail fait à la maison, par exemple. On sait que c’est ChatGPT qui répond. Idem pour les QCM (questionnaires à choix multiples). On est dans une vigilance accrue pour débusquer l’usage de l’IA et dans une valorisation accrue des productions sincères, singulières, même imparfaites. Il est important de valoriser les efforts faits par les élèves, de valoriser leurs réussites, et pas celles de ChatGPT. 

Comment vous y prenez-vous concrètement ?

En cours, je mets de plus en plus l’accent sur l’oral, les échanges, la langue vivante. J’ai développé d’autres méthodes d’évaluation. Je demande aux élèves d’enregistrer des lectures. Ils ne peuvent pas tricher : on entend parfaitement lorsque l’élève lit quelques chose qu’il comprend ou pas. 

De façon plus générale, ChatGPT remet en question d’anciennes méthodes de travail ou d’évaluation. Il nous oblige aussi à nous poser de vraies questions sur l’acquisition des savoirs. Quand est-ce qu’un savoir est acquis ? Quand on peut le réciter par cœur ? Ou quand on peut avoir un regard critique dessus ? Il faut apprendre à utiliser cet outil sans diabolisation ni naïveté. 

Avis sur : Hélène Claudel, prof de langue : comment enseigner à l’heure de l’intelligence artificielle ?

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