Il a d’abord été le chouchou des diététiciens. Puis, à cause de sa teneur en phytoestrogènes et en agents allergènes, il est passé de l’autre côté. Alors, grand méchant ou allié nutritionnel, le soja ?
Consommé depuis plus de deux mille ans en Asie, le soja a débarqué en France dans les années 40. D’abord boudé à cause de son goût, il a petit à petit été intégré à notre alimentation dans les « laits de soja », les yaourts, le tofu, le miso (cette pâte fermentée qui parfume la soupe japonaise) ou encore les steaks. L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES, anciennement Afssa) se montre aujourd’hui plus prudente, notamment sur la consommation de lait de soja pour les nourrissons.
Phytoestrogènes à la loupe
Le soja contient des isoflavones où l’on retrouve les phytoestrogènes. Ces substances ressemblent presque trait pour trait à l’estradiol, la principale hormone sexuelle de la femme. Selon des études contradictoires, ces agents phytochimiques sont considérés tantôt comme positifs, tantôt comme négatifs. Alors, comment savoir ? L‘ANSES a fondé ses recommandations de santé publique en utilisant le principe de précaution dans un – très long – rapport datant de 2005 :
« Les aliments à base de soja, tels le tonyu, le tofu, peuvent être adoptés sans excès, par les adultes, puisqu’ils diminuent l’apport en graisses saturées animales, et dans le cadre d’une alimentation équilibrée et diversifiée »
En revanche, toujours selon cette étude, prudence pendant la grossesse, après un cancer du sein ou pour les enfants avant 3 ans : une dose supérieure à 1mg/kg n’est pas recommandée parce les phytoestrogènes contenus dans les isoflavones pourraient avoir des incidences sur le développement du fœtus ou du jeune enfant et être un potentiel facteur récidivant après un cancer du sein.
Le cas du lait de soja pour nourrissons
Au-delà des problèmes des phytoestrogènes contenus dans le lait, l’ANSES, dans une autre étude qui confirme l’avis de 2005, avertit du danger de nourrir exclusivement les bébés avec du lait de soja (ou tout autre type de lait végétal, comme celui d’amande ou de riz). Ces laits ne seraient pas à même de couvrir tous les besoins des nourrissons et pourraient entraîner de cas graves de malnutrition. Hors allaitement, la préconisation est d’utiliser des laits premier et deuxième âge.
Une graine qui ne manque pas de qualités
Le soja fait mine de super aliment tant ses atouts nutritionnels sont nombreux. C’est d’abord une graine composée à 40% de protéines non carnées mais avec la même qualité que les poissons ou la viande. Pratique, surtout quand on est végétarien ou végétalien. Il a également une teneur importante en acide gras essentiels (les oméga 3 et 6) bons pour la mémoire notamment. Pas mal pour une graine !
Encore plus fort, avec un apport en protéines aussi élevé, il ne contient pourtant pas de cholestérol. Mieux, il aurait un effet hypolipémiant (ou hypocholestérolémiant), c’est-à-dire qu’il permettrait de diminuer le taux de cholestérol dans le sang. Autre vertu, il ne contient ni lactose ni gluten. En cas d’intolérance, on peut donc remplacer le lait de vache par celui de soja. A noter : le « lait » de soja est une sorte de jus obtenu à partir de la graine broyée. Il contient peu de calcium, ce qui fait de son appellation un abus de langage. « Boisson à base de soja » ou « jus de soja » se rapprocheraient plus de la réalité.
Enfin, le soja contient de nombreuses fibres, vitamines et minéraux comme les vitamines A, E et B, du phosphore, du potassium, du magnesium, calcium, magnesium, zinc et fer.
Pour tous ces bénéfices, il serait dommage de s’en priver. A consommer, donc, sans excès. Et à choisir bio sur les étalages.