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Entretien

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Chloé Ridel : « La compétition géopolitique nuit aux avancées écologiques »

Or l'urgence écologique réclame plus de coopération que jamais entre les États.

Chloé Ridel © Laurent Hammer

Paru le 18 juillet 2023

Ecrit par Mathilde de Mon Quotidien Autrement

La géopolitique telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui constitue une impasse pour répondre aux défis écologiques colossaux auquel fait face l’humanité. Après avoir cherché à répondre à la crise démocratique à travers l’association Mieux voter, puis avoir cofondé l’Institut Rousseau, la haute fonctionnaire et aujourd’hui porte-parole du Parti socialiste, Chloé Ridel, 31 ans, réfléchit aux moyens de transformer la géopolitique. Une réflexion qu’elle déclinera dans un livre à paraître en février 2024 chez Fayard, dont elle partage des premiers éléments à Mon Quotidien Autrement.

Face à l’urgence écologique, en quoi la géopolitique est-elle un problème aujourd’hui ?

L’urgence écologique nous rend plus interdépendants que jamais à l’échelle mondiale. Les feux de forêt en Amazonie ont des conséquences partout, puisqu’ils contribuent au réchauffement climatique planétaire. La fonte des glaces en Antarctique conduit à l’élévation du niveau des mers au niveau global. Mais la géopolitique ne tient pas compte de cette situation-là.

Les relations internationales sont basée sur la théorie réaliste, selon laquelle les États recherchent avant tout à garantir leur sécurité et à étendre leur puissance en raison de la compétition qui existe entre eux. Une compétition qui mène presque inexorablement à la confrontation, voire au conflit.

Nous nous retrouvons alors dans cette situation paradoxale d’urgence écologique qui nous force à la coopération, avec de l’autre côté une culture géopolitique qui cautionne la violence. Et plus notre environnement se détériore, moins les relations internationales sont pacifiques. 2022 a constitué une année record en termes de dépenses militaires au niveau mondial [qui ont retrouvé leur niveau d’il y a 30 ans, au moment de la fin de la guerre froide, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, ndlr].

Dans quelle mesure cet exercice du pouvoir nuit aux avancées écologiques ?

L’écologie, c’est un rapport d’empathie avec le vivant. C’est avoir conscience que nous appartenons au monde vivant et que toute vie a une valeur. Cela s’accommode mal de la volonté de toute puissance, entendue comme l’exercice d’un pouvoir de domination. Cette vision conduit à une sorte d’ivresse de domination qui rend aveugle à ce qui est fragile, comme le vivant aujourd’hui.

Comment pourrait-on mieux redéfinir la puissance pour qu’elle puisse répondre efficacement aux défis écologiques ?

Il y a des biais genrés dans la façon dont la puissance est défini. La philosophie politique, exclusivement masculine historiquement, a défini la puissance comme l’exercice d’un pouvoir sur quelque chose, sur quelqu’un, comme un pouvoir de domination. Mais des autrices, comme Hannah Arendt, ont donné une autre définition de la puissance. En la désignant comme un pouvoir d’agir avec, d’agir ensemble. Cette puissance-là est aujourd’hui incarnée par de nombreuses activistes féminines, comme Camille Étienne ou Greta Thunberg. Elles sont puissantes, mais sans exercer une domination quelconque. Au contraire, en s’appuyant sur un collectif.

Comment peut-on réinventer des manières d’exercer le pouvoir pour répondre à ces enjeux ?

Il nous faut aussi inventer une nouvelle gouvernance des relations internationales. Aujourd’hui, il n’y a pas de gouvernement mondial, mais il existe quand même des tentatives de coopération ou des structures internationales pour les accompagner, comme l’ONU [Organisation des Nations unies] ou la COP [Conférence des parties, composés de tous les États signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques] sur la question du climat. Mais l’ONU a perdu tout pouvoir. J’estime qu’António Guterres, le secrétaire général, est quasiment un lanceur d’alerte. S’il peut avoir une parole aussi forte sur le climat par exemple, c’est hélas parce qu’il ne pèse plus rien.

Je pense qu’il faut permettre à la société civile de faire davantage irruption. Elle le fait déjà : je pense aux actions menées depuis les années 1970, aux luttes menées par des ONG comme Greenpeace, à la montée en puissance de ces structures non gouvernementales qui sont aujourd’hui des acteurs internationaux importants. Mais on constate que ce n’est pas suffisant. On pourrait imaginer par exemple réunir une assemblée mondiale de citoyens tirés au sort.

La diplomatie féministe pourrait aussi être un outil utile. Quand la Suède l’incarnait, c’était très bien. D’ailleurs, plus un pays est guidé par un ordre patriarcal, plus il est violent avec les autres pays. Le féminisme n’est donc pas simplement une question morale de justice, mais aussi une politique de sécurité et de paix à l’échelle mondiale. Plus il y aura de femmes dans les lieux de pouvoir politique, plus les relations internationales seront un environnement pacifié.

Je pense qu’il faut se détourner des codes virilistes de la politique. Quand Mélenchon dit qu’il ne faut jamais s’excuser par exemple, c’est typiquement viriliste. En politique, on peut aussi savoir s’excuser, assumer qu’on ne sait pas tout. Être capable de se montrer empathique, ça ne signifie pas qu’on fait preuve de faiblesse. Je suis très inspirée par le leadership de l’ex-Première ministre de Nouvelle-Zélande, Jacinda Ardern, ou l’ex-Première ministre finlandaise, Sanna Marin.

Vous êtes passée de directrice adjointe de l’Institut Rousseau à porte-parole du Parti socialiste. Vous pensez donc que les partis politiques peuvent encore changer la donne, malgré la crise démocratique en cours ?

Les partis politiques sont ceux qui animent le débat politique et public. Ce sont des organes qui savent faire campagne et permettre à des candidats de remporter des élections. Avant de devenir porte-parole du Parti socialiste, j’ai été engagée pendant des années dans le secteur associatif. J’ai choisi de m’engager plus concrètement en politique au sein d’un parti, en voyant cette étape comme un prolongement. Parce que j’estime qu’il y a aujourd’hui une urgence à participer, une urgence à lutter contre l’extrême droite qu’on voit arriver au pouvoir dans d’autres pays. J’ai pris cette décision après la création de la coalition de gauche la Nupes. Je me suis dis que c’était le moment d’aller contribuer.

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