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Date de publication : 05/2015
Le 24 mai dernier, le pape François publiait son encyclique « Laudato si’, sur « la sauvegarde de la maison commune ». Son manifeste écologique est devenu un best-seller, se vendant à plus de 100.000 exemplaires en France, alors qu’il est en lecture libre sur le web.
Le discours du souverain pontife est résolument progressiste, et bien que soutenu par des références religieuses, s’appuie sur de nombreuses études scientifiques pour gagner en crédibilité auprès d’un lectorat athée. Ainsi, il dresse le bilan d’une terre fatiguée, et se désole que l’Homme, à l’instar de la nature, ait été incapable de reproduire le cycle naturel « exemplaire » des écosystèmes : « le système industriel n’a pas développé, en fin de cycle de production et de consommation, la capacité d’absorber et de réutiliser les déchets ».
Il égratigne au passage les institutions internationales et les gouvernements, incapables d’apporter une réponse de fond à cette crise mondiale. « Il y a trop d’intérêts particuliers, et trop facilement l’intérêt économique arrive à prévaloir sur le bien commun et à manipuler l’information pour ne pas voir affectés ses projets », déclare-t-il notamment.
Mais ce qui frappe le plus, c’est sa volonté de ne pas dissocier la situation écologique de la crise sociale, à tel point qu’il parle d’« écologie intégrale ». Aucun changement ne pourra survenir tant que l’Homme ne respectera pas les « pauvres », assène-t-il, appelant les citoyens à faire preuve d’éthique, mot qui revient à de nombreuses reprises tout au long de son encyclique.
Le respect des autres êtres vivants de la planète le préoccupe également : « la Bible ne donne pas lieu à un anthropocentrisme despotique qui se désintéresserait des autres créatures ».
Cet intérêt prononcé pour les plus faibles est d’ailleurs la marque de ce pape novateur, puisqu’il tient son nom de St François d’Assise, proche des pauvres, à qui il rend hommage : « En lui, on voit jusqu’à quel point sont inséparables la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure. »
Ce discours critique, lucide, mais néanmoins teinté d’espoir, fera sans doute date dans le pontificat du pape François. Il appelle à une révolution culturelle et sociale, qui doit selon lui remettre en cause le consumérisme et l’immédiateté, afin de préserver les plus faibles et de vivre en harmonie avec la nature.