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Entretien

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« On a le droit de savoir s’il y a des pesticides dans ce qu’on consomme »

Konsoleader, c'est une application de contrôle anti-pesticides par le consommateur. Démarrage prévu en septembre 2020.

Epandage de pesticides.

Paru le 11 février 2020, modifié le 20 janvier 2022

Ecrit par Elsa de Mon Quotidien Autrement

Pour poursuivre son engagement contre les pesticides, Carole Tawema, fondatrice de la marque de cosmétique bio et équitable Karethic, a décidé avec son équipe de créer Konsoleader. C’est une application qui vise à donner un pouvoir aux citoyens : celui de contrôler des produits qu’ils consomment, des cosmétiques à l’alimentation. Pour cela, les internautes ayant acheté l’appli (25 euros) peuvent voter régulièrement pour le produit qu’ils veulent faire analyser, qui sera envoyé en laboratoire pour un test. Les tests seront financés par les abonnements.  Pesticides ou pas ? Le résultat est ensuite partagé à tous. Ainsi, pour 1000 abonnés, 75 marques sont contrôlées. Le lancement est prévu en septembre 2020. Interview.

Carole Tawema.

Konsoleader, c’est quoi ?

C’est une appli qui va permettre aux consommateurs d’être informés sur ce qui n’est pas visible sur une étiquette et notamment la présence de pesticides et autre contaminants, comme les métaux lourds, les traces d’hydrocarbure ou les microplastiques.

Seules les entreprises vertueuses, qui font des analyses, peuvent le savoir mais elles ne le mettent jamais sur l’étiquette. On le voit bien avec la difficulté à obliger les entreprises à indiquer le Nutri-score de leurs produits.

A part les entreprises elles-mêmes, qui contrôle les produits mis sur le marché ?

Il existe des contrôles effectués par la répression des fraudes, censés être annuels. Karethic, par exemple, est contrôlé tous les cinq ans. L’État ne met pas assez de moyens dans le contrôle. Le nombre d’agents alloués par l’État au contrôle sanitaire des produits a baissé de 20% en 5 ans, réduisant ainsi le champ d’action de la DDPP (Direction départementale pour la protection des populations).

Que ce soit par les entreprises ou par l’État, le consommateur n’est pas informé de la présence de ces contaminants.

La seule chose que le consommateur peut faire, c’est acheter bio…

Oui mais le bio reste une exception – il représente 5% du marché des cosmétiques par exemple – alors que l’absence de contaminants devrait être la norme ! C’est pour cela que nous, qui sommes une entreprise certifiée bio depuis 10 ans, voulons créer Konsoleader : on se demande pourquoi le consommateur n’a pas le pouvoir d’accéder à ces infos et comment on peut faire pour qu’il ait ce pouvoir sur son alimentation et sur sa santé. Cela devrait être un service public !

Vous êtes une marque bio, donc on comprend que cela vous tienne à cœur…

Oui, c’est une question qui nous concerne puisqu’on fait des cosmétiques bios et équitables au Bénin. Karethic est une entreprise familiale que je pilote avec ma sœur. Dès le début, les productrices locales nous ont parlé de l’impact des pesticides, de l’eau polluée par les champs de coton traités, des bébés qui naissent avec des malformations.

Elles ont donc fait certifier les champs pour proposer des produits bio.

La certification sert à protéger les zones, à avoir une cartographie où on ne trouve pas de cultures de coton ou de maïs à proximité, car le karité, ça ne se cultive pas, il pousse à l’état sauvage. Les femmes doivent cueillir uniquement les fruits d’arbres poussant sur les terrains certifiés.

Karethic a fonctionné comme ça tout en continuant à régulièrement contrôler le karité dans la zone certifiée.  En 2014, on a trouvé des traces d’insecticides dans des amandes. En 2017, du glyphosate. C’est traumatisant comme événement, à plusieurs niveaux : ça veut dire que ces amandes ne seront pas transformées, ce qui est dur pour les productrices, et que toute la zone sera mise définitivement à l’écart.

On a beau vouloir faire les choses correctement – nous, les 5% en bio – le problème, c’est les 95 % ! C’est traumatisant car on ne sait pas vers qui se tourner, on n’a pas les ressources financières pour se lancer dans des procédures, et puis, qui est le coupable ? Il est souvent soit trop puissant, soit invisible.

On veut tirer la sonnette d’alarme : ce qui est toxique ici en France pour notre santé et pour l’environnement, l’est aussi pour la vie animale et a aussi un impact sur les petits producteurs dans le monde, ceux que l’on ne voit pas. Il faut aller au-delà de notre propre santé individuelle et faire d’une pierre deux coups, inciter les marques à faire attention à leurs matières premières et à leur impact social comme environnemental.

Tout ça fait que Konsleader est né.

Mais les analyses coûtent cher, entre 250 et 500 euros dites-vous. Le nombre sera donc limité.

Plutôt que tout analyser, ce qui est impossible, on utilise le levier du pouvoir du citoyen pour inciter les marques à faire attention à leurs sources d’approvisionnement. Quand Kellogg’s annonce qu’il va éliminer d’ici à 2025 l’utilisation du glyphosate dans ses produits, alors que l’entreprise est née en 1906, on voit bien que le consommateur n’a pas le choix : il doit attendre que la marque décide. On voulait donc trouver une manière de faire pression, mais que celle-ci ne soit pas trop brutale.

Le problème, c’est l’ignorance : on ne sait pas si les produits qu’on consomme contiennent des contaminants. On le saura grâce à Konsoleader qui se penchera sur les grandes entreprises, les plus visibles vont devoir revoir ce qu’elles mettent dans leurs produits.

Il faut des solutions, et pas rester au stade de la dénonciation. C’est pour cela que de l’argent collecté par Konsoleader sera aussi reversé à des associations de lutte contre les pesticides.


Pour participer au financement participatif, c’est ici.

Avis sur : « On a le droit de savoir s’il y a des pesticides dans ce qu’on consomme »

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