Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, l’Europe devra investir, en tout, 40 000 milliards d’euros, selon les estimations de l’étude « Road to Net Zero », publiée en début d’année par l’Institut Rousseau. C’est énorme. Mais la somme est à relativiser.
Les trois quarts de ce montant sont en réalité déjà disponibles. Ils doivent être désinvestis des activités néfastes pour la planète, pour être redirigés vers la transition (des véhicules à moteur thermique vers les transports en commun, par exemple).
Reste donc un effort financier supplémentaire de 10 000 milliards, soit 360 milliards d’euros par an, à trouver chez les acteurs publics et privés.
La puissance publique est fortement sollicitée. Elle devra doubler ses investissements, pour passer de 250 milliards d’euros à 510 milliards d’euros par an. 260 milliards d’euros, là encore c’est énorme. Mais une fois de plus, à relativiser. Car c’est moins que les dépenses de relance de l’Union européenne dans le cadre du Covid-19 (338 milliards d’euros par an). Et moins que les subventions des pays de l’UE aux énergies fossiles (360 milliards d’euros en 2022).
75 % de cet investissement en faveur de la neutralité carbone devrait se concentrer sur deux secteurs selon l’Institut : les transports (45 % de l’investissement global) et le bâtiment (29 % de l’investissement).
Et en France ?
En France, un investissement supplémentaire de 70 milliards d’euros par an est nécessaire d’ici à 2050 pour atteindre la neutralité carbone. Cette valeur est supérieure à la moyenne européenne, principalement en raison du retard de la France dans le secteur des transports.
Les dépenses publiques de la France doivent plus que doubler, passant de 40 à 90 milliards d’euros par an. Soit 50 milliards à trouver. Cela représente 1,8 % du PIB actuel.
Les besoins les plus importants se situent, là encore, dans les secteurs du bâtiment et des transports.
Dans les transports, le soutien public doit presque tripler. 65 % de ce surplus d’investissement doit être affecté à l’amélioration des transports en commun. Notamment en renforçant et en étendant les réseaux ferroviaires.
Dans le bâtiment, le soutien public est encore trop faible et trop concentré sur le remplacement des équipements de chauffage. Il doit être à la fois fortement complété et réorienté vers des rénovations plus complètes et efficaces.
Le soutien public supplémentaire nécessaire est également important dans l’agriculture. Il y a plusieurs raisons à cela. D’une part, une surface agricole importante et un niveau de soutien public aux pratiques agro-environnementales plus faible que la moyenne européenne. Il faut également lutter contre une conversion à l’agriculture biologique beaucoup trop faible.
Des premières pistes de financement dans l’Hexagone
Ce plan d’investissement supplémentaire pourra être en partie financé en redirigeant les subventions aux énergies fossiles. D’autres idées sont dans l’air : taxation du kérosène, ISF climatique, taxation climatique sur le patrimoine, TTF (taxes sur les transactions financières).
Certains économistes recommandent l’allocation d’un budget à part, sortant des règles budgétaires européennes. En ayant deux points très importants en tête : D’une part, cet investissement sera rentabilisé à terme par une forte baisse des coûts énergétiques, et d’autre part, son coût est estimé environ six fois moins cher que celui de l’inaction !