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Y a-t-il trop d’abeilles domestiques en ville ?

Prendre soin de la biodiversité, c'est favoriser, aussi, les pollinisateurs sauvages, mouches ou bourdons.

Abeilles

Paru le 27 avril 2021, modifié le 25 mars 2023

Ecrit par Elsa de Mon Quotidien Autrement

Depuis l’enfance, l’abeille peuple nos imaginaires, via histoires du soir ou dessins animés. Adulte, on se régale de son miel et on s’inquiète de son déclin. Mais elle n’est pas la seule à polliniser nos fleurs ! Pour en savoir plus sur la coexistence entre abeilles domestiques et pollinisateurs sauvages (mouches, bourdons, abeilles maçonnes…), nous avons appelé Colin Fontaine, écologue au Muséum national d’histoire naturelle.

 

Colin Fontaine, écologue
Colin Fontaine, écologue

Quelles sont les interactions entre abeilles domestiques et pollinisateurs sauvages ?

Nous avons échantillonné les pollinisateurs dans des parcs urbains à Paris et avons regardé le nombre de visites des groupes de pollinisateurs : abeilles, mouches, papillons, coléoptères…

Dans les parcs entourés de ruches d’abeilles domestiques, on avait plus de visites d’abeilles domestiques et moins de différents groupes de pollinisateurs sauvages. Mais il n’y a pas forcément de causalité…

Mais l’hypothèse, c’est que la hausse d’abeilles domestiques a fait baisser la population de pollinisateurs sauvages.

Oui. D’autres études ont été faites en milieu naturel, sur la Côte Bleue à côté de Marseille. Elles ont mesuré la compétition entre les espèces en regardant la quantité de nectar dans le jabot des abeilles domestiques et des abeilles sauvages, sans les tuer. Quand il y a beaucoup de ruches, les abeilles domestiques comme les abeilles sauvages ont moins de nectar dans leur ventre : il y a donc une compétition entre espèces et intra espèces.

En quoi cela peut-il poser problème ?

La compétition peut mener à l’extinction. Les pollinisateurs sauvages ne se portent pas très bien actuellement, on le sait. Agit-on de manière raisonnée en renforçant la compétition ? Pour revenir au contexte urbain, s’il y a beaucoup d’abeilles domestiques, les sauvages en pâtiront.

Mais si on veut limiter la compétition, l’un des moyens est de baisser le nombre d’abeilles domestiques, l’autre est d’augmenter la quantité de ressources, soit le nombre de fleurs qui produisent du nectar.

Concrètement, pourquoi l’abeille domestique prend le dessus ?

Elle a plusieurs particularités, c’est une espèce domestique (comme une vache) : on la soigne, on la nourrit, on s’en occupe. Et puis elle est coloniale, avec ses milliers d’individus, elle a une force de frappe importante. C’est une espèce efficace, avec beaucoup de communication au sein de la ruche pour indiquer aux ouvrières où se trouvent les ressources. C’est une compétitrice supérieure.

Est-elle particulièrement adaptée au milieu urbain ?

Disons qu’elle s’en accommode bien. Un certain nombre d’abeilles, domestiques ou non, se portent d’ailleurs bien en ville par rapport aux papillons et même aux diptères [les mouches, ndlr]. Elles sont plus tolérantes.

Quelles conséquences peut avoir le déclin des pollinisateurs ?

C’est une histoire de dépendance au sein des écosystèmes. Ils ont une place assez particulière parce qu’en butinant les fleurs, ils transportent les gamètes mâles et assurent la fécondation des fleurs et donc la reproduction d’une grande partie des plantes à fleurs – soit 300 000 espèces dans le monde.

Mais les pollinisateurs sauvages ont-ils un rôle spécifique ?

L’abeille domestique est une espèce généraliste qui va visiter beaucoup de plantes différentes, mais pas forcément toutes les plantes. Ne compter que sur une espèce pour assurer la fonction de pollinisation, c’est une stratégie risquée : elle n’est pas infaillible. D’autant que l’élevage intensif, on le sait bien, multiplie les risques d’épidémie. Et puis la question est : dans quel monde veut-on vivre ?

Quel est le plus grand ennemi des abeilles ?

Les pesticides, qui sont tout de même des molécules faites pour tuer des insectes. Il y a aussi la question de l’habitat. Il faut des zones avec de l’herbe et des fleurs qui poussent, et un habitat qui ne soit pas pollué. Voilà comment favoriser les abeilles sauvages comme domestiques.

Opposer les deux n’a pas de sens…

Non, elles peuvent cohabiter, elles le font depuis longtemps. Les supporters des unes comme des autres doivent travailler ensemble sur la question de la non pollution et des ressources disponibles. Il faut simplement prendre garde aux excès. A Paris, avec la multiplication de ruches, on en était arrivé à une forme d’emballement. [Paris compterait 2000 ruches, ndlr.] On ne peut réduire la biodiversité à la défense d’une espèce domestiquée, en tant qu’écologue, cela me pose problème.

J’ai acheté une maison pour abeilles sauvages, avec des cocons fournis. Une bonne idée ?

Ensemencer une ruche avec des cocons de je ne sais où, je ne sais pas si c’est une bonne idée. Mieux vaut accueillir les insectes qui sont déjà là. Et vient qui vient ! Si personne ne vient, c’est peut-être qu’il n’y a pas assez de fleurs. Observer la nature, c’est quelque chose de fort. Mais en tout cas, c’est tout de même bien de faire connaître ces espèces, de montrer qu’il y a d’autres abeilles. Cela fait connaître la biodiversité, qui est fascinante, et c’est bénéfique.

 


Crédit : Colin Fontaine / Capture d’écran Futura Sciences /Dailymotion
Abeilles /

 

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