Plutôt nourrir, de Noémie Calais et Clément Osé

C’est un livre fort, franc, qu’ont écrit Clément Osé et Noémie Calais. Tous deux diplômés de Sciences Po et destinés à de « belles carrières », ils se recroisent à l’aube de la trentaine, pour découvrir que tous deux ont « déraillé », comme l’écrit Clément Osé. Lui, s’est alors installé dans un éco-lieu béarnais. Elle, est devenue éleveuse de porcs, dans le Gers. Porcs qu’elle conduit à l’abattoir, avant de les découper et de transformer la viande pour la vendre au marché.

Plutôt nourrir est un livre à deux voix sur l’élevage paysan. Clément Osé raconte le quotidien de l’éleveuse, qu’il découvre au gré de ses visites dans le Gers, tel un reporter en immersion. La plume est belle, drôle, tendre. On s’y croirait. Noémie Calais livre à travers ses « carnets », ses pensées, ses doutes, des bribes de sa vie, comme dans un journal intime.

Plutôt nourrir, des questionnements sur notre rapport à la viande

Au fil des mots et des pages, c’est toute une réflexion sur notre rapport au monde animal, à l’élevage, à notre alimentation, à la terre, à notre rôle dans le réchauffement climatique, qui transparaît.

Avec ce témoignage, Noémie souhaite « faire connaître le travail des petits éleveurs pour sortir d’un débat confisqué par le manichéisme, par le ‘pour ou contre l’élevage’, par l’opposition binaire entre véganisme et industrie de la viande, qui occulte la possibilité d’une autre relation à l’animal, à la vie, à la mort », explique Clément en introduction.

« Il m’est insupportable de recevoir des leçons de personnes qui s’achètent une bonne conscience en décidant de s’extraire du rapport à l’animal plutôt que d’oser le regarder en face, dans sa complexité et son ambivalence », écrit d’ailleurs Noémie dans un de ses carnets.

Plutôt nourrir est un livre indispensable, pour faire face à ses propres contradictions et pousser plus loin la réflexion sur notre rapport à la viande.